Le nombre idéal de chats dans un foyer est de 0.
Ou du moins de 0,5; c'est à dire un vieux matou qui passe sa journée sur le fauteuil ou le bord de la fenêtre à sommeiller. Car il faut bien l'avouer, une maison sans chat est une maison sans âme.
Pourquoi l'idéal se situe-t-il entre 0 et 0,5?
Parce que le chat domestique est un redoutable prédateur, tout particulièrement dans sa jeunesse et que programmé pour capturer il assouvit ses besoins sur tout ce qui bouge autour de lui: du campagnol au lérot, du lapereau à l'écureuil, du rouge gorge à la tourterelle turque, de la mésange au pic épeiche, du moineau à la perdrix, ...., du lézard à la couleuvre, .... du papillon à la libellule .... C'est à dire toute la petite faune qui peut entourer sa demeure.
Une véritable catastrophe!
Catastrophe pour cette petite faune. Catastrophe pour l'environnement. Catastrophe pour celui qui apprécie le vivant. Catastrophe pour celui qui a une conscience et un intérêt naturalistes.
Qu'on ne m'accuse pas de ne pas aimer les chats. Une bonne douzaine a déjà partagé ma vie et six l'enrichissent de leur présence actuellement. D'ailleurs j'apprécie le monde animal dans son ensemble, sans exception.
Cependant, il y a trois ans, quand la dernière chatte de dix-huit ans vint à mourir, je me dis que j'entrai dans une nouvelle ère, m'étant juré depuis longtemps ne plus jamais reprendre de chat.
Malheureusement, si vous ne choisissez pas le chat, c'est souvent lui qui vous choisit ou du moins vous tombe dessus comme si votre destin et le sien étaient intimement liés. Ainsi, trois ans après quelques mois sans plus aucun minou, ils sont six à me glisser à présent entre les pieds au risque de me faire tomber, à se disputer mes genoux ou venir se lover contre moi durant la nuit.
Pourquoi avoir 6 chats quand on considère que son bonheur serait d'en avoir 0?
A cause de tous les bipèdes irresponsables qui font ou qui laissent se reproduire leurs animaux. J'ai déjà évoqué la misère que la surpopulation canine provoque chez cette espèce. Celle dont est victime le chat est bien plus grande encore car ce dernier est bien plus difficile à gérer. Le chat est épris de liberté s'il n'est pas emprisonné, et comme pour le chien, trop peu de propriétaires d'animaux ont compris que le bonheur de leur compagnon et celui de ses "frères" qu'il pourrait engendrer passe par la stérilisation.
A cause des irresponsables, le domaine des Lutins accueille ainsi cinq chiens actuellement (au lieu de deux ou trois dans l'idéal) et six chats (au lieu de 0 ou 0,5 dans l'idéal). Les limites sont atteintes et la générosité du cœur, celle du porte-monnaie, de la disponibilité et de l'espace ne sauraient aller au-delà. Se pose ainsi le douloureux problème des inévitables prochaines rencontres de malheureux.....
Petite histoire des 4+2...
Il y a le Tigrou, trouvé par un enfant. De l'accueil provisoire, on passe à l'adoption en se disant que comme on n'en avait plus ce sera la seule exception.
Et puis le ciel vous dépose un jour Tigri, Titmiss et Titeuf sur votre foin. Le paquet cadeau que vous décidez d'élever au biberon car si vous les y laissez, ils finiront par grossir la population de chats harets avec les problèmes qui sont les leurs et ceux qu'ils posent. Inutile donc d'en rajouter. Les tuer? Toujours la facilité, et puis se prendre pour une sorte d'être suprême qui peut s'autoriser à jouer du destin des autres, je préfère éviter. Et puis on se dit, ou plutôt on se ment à penser qu'on trouvera adoptant, alors qu'on sait très bien que trouver personne sérieuse qui assumera correctement votre protégé durant quinze ans est mission impossible. Ainsi donc 1+3 font 4.
Une autre fois, Timimi et Titnours, juste sevrables, débarquent dans le parc des moutons. Faire l'autruche n'étant pas mon truc, le 4+2 est atteint. 6 de trop mais 6 aimés.
La semaine dernière, deux jeunes au milieu de la route. Vous arrêtez. Ils montent dans la voiture. Que faire? Sociabilisés, vous reculez à l'habitation à cent mètres et les déposez à la grange pensant que logiquement ils viennent (peut-être?) de là.
Et les exemples passés sont nombreux, et les exemples futurs également.
Pourquoi cet article? Pas pour raconter mon petit univers personnel.
Mais pour faire réfléchir. Pour faire prendre conscience. Pour faire réagir et agir....
Si vous aimez vos chiens, vos chats, si vous aimez tous les chiens, tous les chats, faîtes stériliser vos animaux qu'ils soient mâles ou femelles. Sensibilisez votre entourage, vos voisins, votre famille. C'est la seule solution pour un jour enrayer la surpopulation de nos compagnons et la misère qui accompagne tous les sans foyers. Ne pas les faire se reproduire est un acte responsable.
A ceux qui feraient un transfert à leur propre sexualité, je ferai la remarque que puisque de toute manière on ne peut laisser nos animaux avoir la leur, autant qu'ils n'en aient pas. Le drame n'est d'ailleurs pas de ne pas avoir de sexualité; le drame est par contre d'en avoir une mais inassouvie ....
Epilogue:
Le chien est bien plus contrôlable que le chat concernant son impact de prédation, bien que le canidé mal géré en promenade ou en divagation puisse se transformer en chasseur sur la faune ou le bétail (les moutons, d'Ouessant y compris, en faisant les frais régulièrement).
Le chat libre de ses mouvements, quand il ne dort pas, chasse. Personne ne se désole vraiment quand matou revient avec un mulot entre les dents (bien qu'on pourrait disserter sur cette réaction de l'Humain). Mais chacun peste quand il s'agit d'une mésange.
Les espèces capturées énumérées en début d'article représentent quelques unes des proies de ma "saloperie" de bande des 6. Comme d'ailleurs l'engoulevent présenté en cliché, victime à l'automne. Si à chaque capture je peste, je peste doublement quand il s'agit d'espèces rares. Je n'avais encore jamais contacté l'engoulevent sur mon domaine. C'est fait. Merci le chat qui me permet d'ajouter cette espèce à mon carnet naturaliste!
Humour noir, bien évidemment! J'aurais de loin préféré que mes chats n'aient jamais existé et ne jamais avoir eu connaissance de cet oiseau chez moi.
Un exemple parlant du niveau de prédation du chat domestique sur la petite faune. Sur la partie de mon domaine que j'appelle les jardins (autour de la maison), prospérait, il y a encore quatre ans, une population d'une centaine de lézards des murailles. A présent, avec mes "saloperies" de chats, le nombre de lézards des murailles est de 0 à 0,5, selon les quelques individus erratiques qui osent passer par là, taxés de leur queue quand ce n'est pas de leur vie. On comprendra mon désir de voir vieillir les matous de la maison pour les voir et savoir dormir toujours plus et laisser la vie s'épanouir pleinement autour de moi. En effet je préfère 100 lézards chez moi et 0 chat que 6 chats et 0 lézard. Si la nature et le sauvage sont légitimes autour de nous, le domestique que l'on y greffe ne l'est pas et doit donc impacter le moins possible sur les premiers.
Maintenant, c'est vrai, il faut également relativiser. Le nombre de merles passant sous les voitures, celui des grives criblées de plombs (comme des millions de volatiles d'ailleurs parfois spécialement lâchés pour cela dans l'hexagone) sont bien supérieurs aux méfaits des chats libres. Tout comme ce que les diverses pollutions et empoisonnements dus aux activités humaines provoquent, sans oublier les conséquences de la destruction des milieux et bien d'autres choses provoquées par le fameux Homo sapiens. Que les amoureux inconditionnels du chat se rassurent, je condamne tout cela également et bien plus encore.
Je les aime mes "saloperies de chats", n'empêche que ...
Au fait, c'est promis, vous faîtes stériliser tous vos chats (et tous vos chiens). Merci d'être responsables, pour eux.
Ici mes 5 chiens et 6 chats sont infertiles pour toujours et bien heureux de bien d'autres façons....