Toute dépression se comble avec le temps. Apports suite à l'érosion, accumulations des débris végétaux.
C'est particulièrement vrai en milieu aquatique quand les eaux sont stagnantes, et d'autant plus rapide sur de petites surfaces.
Sur ces principes tout à fait naturels qui dessinent et redessinent les milieux et les paysages depuis "toujours", la mare du jardin vivait ses dernières heures.
C'était sans compter la sécheresse de cet été qui déclencha le courage du berger.
L'occasion de cet assec naturel était trop belle pour ne pas en profiter pour redonner une nouvelle jeunesse à la mare.
Des années de chutes de feuilles mortes, la décomposition des plantes aquatiques....et surtout la colonisation du site par la prêle malgré de réguliers curages automnaux légers, tout cela avait fini par réduire de façon catastrophique la profondeur en eau.
Après quelques journées de travail, le milieu reprend forme, quelques averses ayant même donné un coup de pouce pour que le lieu retrouve doucement son ancien visage.
Si ce n'est les plantes bien évidemment et quelques insectes dont les magnifiques insolites courtilières, je ne dérange pas grande vie. Les têtards d'été des crapauds accoucheurs et les dernières larves du triton palmé survivant dans l'ultime flaque qui restait, trouvent moyen de fuir devant mes interventions. Ce qui me rassure.
Ce sont des mètres cubes qui sont à extraire, patiemment, à l'aide des deux bras et quelques outils. Le genre de travail qui chaque matin au lever vous rappelle vos muscles et vous fait prendre conscience de chacun d'eux...
Cette intervention contre nature, douce mais pas moins radicale pour autant, entre dans la politique des "maisons nichoirs" ou "jardins nichoirs" menée par les humains aimant être entourés de toutes sortes de petites bestioles. J'avoue que mon crime de destruction du milieu évoluant doucement vers une mini tourbière a pour but premier de satisfaire mon plaisir à accueillir et observer les batraciens qui vont retrouver là de quoi pouvoir continuer à prospérer.
Déjà plusieurs espèces de libellules reviennent déposer leurs pontes de fin d'été. De nombreux insectes aquatiques en quête d'un plan d'eau ont chuté vers la mare. Les oiseaux reviennent y boire et s'y baigner..... Un nouvel élan de vie pour la mare, une cure de rajeunissement. Les plantes ne tarderont pas à reprendre leurs droits elles aussi; je reconnais espérer l'absence de la prêle.
La Nature va s'organiser à sa guise après ce cataclysme, pour le plaisir d'une foule de petites créatures.... et celui de mes yeux.