Hier, Entourloupe donnait naissance à une minuscule agnelle de 490 g (!!!). Jamais jeune à terme aussi léger n'avait vu le jour chez les Lutins. Une Miette de Lutins! Une Miette de Ouessantin!
Miette est de coloration Agouti blanc bronzé (comme maman), énormément tachetée, "comme une hyène".
Cette minuscule agnelle est toujours vivante en cet instant, à bientôt vingt-quatre heures, grâce au hasard de ma présence.
En effet, cette saison, c'est seulement la première naissance à laquelle j'ai eu chance d'assister.
Je prenais donc plaisir à observer ces moments magiques quand au bout d'une heure je compris que les choses n'allaient pas se passer aussi facilement que souhaité.
Je finis par voir apparaître un antérieur et un seul, ce qui n'est pas forcément un problème, voyant ensuite le museau pointer dans le prolongement.
Devant une situation bien trop statique, comme c'était une première naissance pour Entourloupe, je décidai de l'aider, équipé de gants et de gel pour l'opération.
Je m'aperçus que la brebis était très peu dilatée et qu'il y avait peu de chance que la suite s'enchaîne rapidement naturellement. Je finis par réussir à sortir la tête et c'est alors que dans le même temps, d'un coup d'un seul, tout l'agneau tombait au sol … Et pour cause, un minuscule "chat écorché" et trempé venait de naître.
J'eus du mal à comprendre comment si petit pouvait poser tant de soucis à la mère, mais se confirmait de fait ma première impression de brebis très peu dilatée imposant un passage trop étroit.
Je laissai la mère lécher sa petite car il n'y a rien de mieux pour le plus gros du séchage. Au stade deux, je compris que l'agnelle était trop faible pour entrer dans la vie normalement. Impossibilité de se dresser, voix rare et faible. D'ailleurs je notai début de refroidissement le soir venant d'une journée pourtant bien printanière.
Si petit volume se refroidit vite. Aussi le sèche-cheveux (une fois encore) fit des miracles. Ensuite repos sur bouillotte en caisson de réchauffement… et au bout de deux heures, une Miette pleurnicharde, comme il se doit, se mettait sur ses pattes. Le moment était venu, face à plus de vitalité, de lui faire absorber un peu de colostrum reconstitué, déjà pour lui donner plus d'énergie, puis songer à amorcer son système immunitaire.
Voyant que cette agnelle avait surtout, et seulement, besoin d'un bon coup de pouce au seuil de sa vie et d'un peu de temps pour se remettre de tout cela, j'ai pu envisager la placer avec sa mère en local, sous lampe, pour la nuit.
Le duo restera enfermé quelques jours, le temps que Miette soit plus solide car de par sa fragilité et sa taille minuscule, elle serait bien vulnérable tant les dangers peuvent être nombreux. Chat qui prendrait "ça" pour un rat, bousculade, piétinement au milieu de la troupe ...
Face à de tels cas, on parle souvent d'agneau prématuré. A tort à mon avis car un véritable prématuré ne peut marcher ni survivre sans interventions lourdes.
Je pense que Miette est tout simplement une agnelle très petite, légère et chétive pour des raisons x ou y. Pour argumenter ma vérité (sur laquelle j'ai déjà consacré un article par le passé), je préciserai que j'ai noté accouplement de sa mère le 19/11 dernier, ce qui correspond parfaitement avec la date de naissance. Si de plus la fécondation réelle n'avait eu lieu qu'aux chaleurs suivantes d'Entourloupe, c'est à dire presque trois semaines après, l'agnelle serait véritablement prématurée … et non viable sans grosses interventions, comme a déjà pu me le confirmer un vétérinaire avec lequel j'ai pu échangé sur ces sujets par le passé et qui approuvait mon point de vue.
Ce qui est d'autant plus étonnant, c'est qu'Entourloupe, brebis extérieure à mon troupeau, avec ses 44 cm à deux ans, un volume et une masse en correspondance, ait pu donner ce genre de naissance (et avec autant de difficultés), même si le bélier qui lui fut offert en noces (Hobbit) fait partie des plus petits mâles de ce type ovin Ouessant de forme ancienne.
Je croise tout de même les doigts pour ces premiers jours, puis ces premières semaines de ma Miette s'il y a, même si tout semble aller, la tétée, l'attention de la mère, ...
Finalement Miette n'aura vécu (survécu) qu'une quarantaine d'heures. Ce n'est pas une réelle surprise mais pendant une journée j'y ai cru.
Outre le fait qu'elle était sans doute vouée à mourir, j'ai noté que sa taille ne lui permettait pas de téter facilement. Les biberons n'auront pas suffi en complément du fait qu'elle perdait appétit et ingurgitait peu. Peut-être aurais-je dû la garder près de moi, mais dans ces moments on fait les choix qui semblent les meilleurs. Mais avec des si … ! L'essentiel est d'avoir essayé de l'accompagner face à sa problématique.