Au matin, en visitant le groupe des béliers, j'aperçois un chevreuil qui semble se chauffer couché au soleil au pied d'une haie.
Finalement, je réalise que c'est une femelle et qu'elle n'est pas dans le parc, mais de l'autre côté de la clôture.
Bien que cet ongulé apprécie insolation après une nuit fraîche, son comportement en cet endroit est quelque peu étrange.
La chevrette finit par se lever tout de même, inquiétée par ma présence et je m'aperçois alors qu'elle a trouvé moyen de se glisser entre l'ancienne basse clôture et la nouvelle plus haute installée pour accueillir les Lutins.
Je n'avais pas laissé d'espace entre les deux, justement attentif aux soucis que je pourrais poser à la faune par mes installations, mais la chasse, en ce jour férié de la veille, l'aura sans doute poussée à se précipiter en cet endroit improbable.
Elle s'est blessée aux deux pattes du côté gauche mais sans gravité apparente. Peut-être dans le piège des mailles en cherchant à s'extraire depuis longtemps.
Je n'ai que la solution de la rejoindre pour l'aider alors qu'elle pleure un peu dans l'angoisse.
Finalement l'affolement lui fait retrouver des forces qu'elle ne soupçonnait plus et elle réussit à progresser en la bonne direction.
Un dernier mouvement de panique salvateur et elle retrouve la liberté.
Elle ne demande pas son reste sous le regard interrogateur des vaches qui se demandent pourquoi cet empressement.
La voilà libre et vivante pour 48 heures encore au moins, avant que, ce week-end, la campagne ne résonne à nouveau des sons des canons.
Je m'imagine déjà au premier tir ce samedi, me demandant si ce ne sera pas ma belle aux yeux de biche à qui l'on viendra de ravir la vie...