L'eau est un bien précieux.
C'est également vrai en élevage, y compris celui des ovins. Car oui, les moutons boivent, contrairement à ce qu'on entend parfois. S'ils boivent peu il est vrai en certaines périodes, par contre en d'autres, ils boivent énormément. C'est selon leur alimentation. Plus cette dernière est sèche, plus évidemment les moutons ont besoin de s'hydrater, comme tout animal.
Pouvoir facilement abreuver ses animaux, qui plus est sans travail de ravitaillement obligatoire, est un luxe. J'essaie donc en premier lieu que, sur chaque parc, les Lutins puissent boire en situation naturelle, en particulier en prévision de la période d'accouplements durant laquelle les lots de Ouessant sont dispersés ... et à défaut il faut se contraindre au seau rempli régulièrement.
Depuis deux ans, le berger restaure et aménage deux prairies dont les Ouessant profiteront dans quelques mois.
Dans chacune, après étude de la situation lors des périodes de pluie, j'avais envisagé la création d'un point d'eau.
C'est chose faite et le projet s'avère bien calculé puisque dès le lendemain l'eau faisait son apparition.
Cette première mare est même totalement remplie à présent en moins d'une semaine.
La seconde (ici le lendemain), un peu plus lente, n'atteint ce jour que la moitié de son niveau maximum. Mais la pluie qui reprend, après quinze jours de beau temps, devrait permettre le remplissage d'ici la fin de l'hiver.
Bien évidemment, les éventuelles sécheresses estivales auront leur mot à dire, les mares étant sujettes à variations de niveau selon la météo. On avisera alors s'il faut revenir provisoirement au bon vieux seau et au robinet.
Des pentes pas trop raides, pour permettre aux moutons de descendre en période de basses eaux et également de remonter facilement en cas d'accident, en particulier pour les agneaux.
Et puis ces pentes douces sont importantes pour que la vie végétale et animale s'installe en ces mares, afin que sur une structure artificielle au départ le naturel prenne ses marques.
D'ailleurs, moins de 72 heures après le creusement du point d'eau ci-dessus, une salamandre y avait libéré ses larves le 23 janvier. Depuis d'autres sont venues y donner la vie à leur tour.
Introduction de poissons interdite en ces nouveaux écosystèmes en cours d'élaboration. Ce serait en effet une catastrophe pour la petite faune aquatique de ces plans d'eau trop peu importants en volume et surface. Si ces milieux étaient d'origine naturelle, il n'y aurait d'ailleurs aucun poisson, ces mares n'étant pas situées en zone inondable, autant donc laisser la Nature s'organiser elle-même et s'emparer du lieu à sa guise.
Ainsi, pas de canards d'ornement ou de basse-cour non plus qui transformeraient ces mares en cloaques. Seuls les oiseaux du ciel, colverts et autres palmipèdes pourront y passer à l'occasion et c'est bien normal...
Dès le lendemain le merle s'y baignait pendant que le ramier buvait, les premiers insectes aquatiques arrivaient et aujourd'hui la grande aigrette est venue en curieuse. Les cycles de la vie vont se mettre en place et ses acteurs sauront provoquer bien des émerveillements.
Petit conseil à ceux qui voudraient implanter un point d'eau en leur prairie si elle devait se prêter à ce type d'aménagement, mieux vaut faire les choses en règles en demandant autorisation aux services préfectoraux concernés (milieux aquatiques) et en informant sa mairie, certaines contraintes pouvant exister concernant les lois sur l'eau. On est également ainsi tranquille face à un éventuel voisin râleur...