Comme on a pu s'en apercevoir en d'autres articles, l'identification obligatoire des ovins étant, les jeunes brebis nées en 2016 ont été bouclées avec le matériel agréé du marché qui s'avère (à mes yeux) le moins encombrant sur des Ouessant dans le standard taille.
Suite aux infections et nécroses que j'avais pu constater, lors de ce dernier été caniculaire, sur des brebis adultes après à une série de poses, pour ces jeunes filles donc, j'avais choisi d'attendre l'hiver pour opérer. Fenêtre météo de temps sec pour plusieurs jours afin de faciliter cicatrisation et une température basse mais hors gel étaient mes impératifs.
Les températures basses aideraient sans doute à limiter les infections bien que de toute façon je pratique toujours application d'un désinfectant et cicatrisant pour espérer éviter tout souci. Il me paraissait important également d'éviter la pluie sur les plaies causées par la perforation.
De plus, ainsi, en cette période, les filles avaient au moins six mois et il était possible d'espérer que leur développement corporel permettrait de travailler sur des oreilles plus proches de leur taille définitive.
Ce fut donc fait pour ces jeunes filles et j'étais satisfait de voir des oreilles demeurer saines durant les semaines suivant l'intervention.
J'avais peur que le port de cet attirail leur tourne un peu la tête et qu' avec l'approche de leur maturité sexuelle, elles se mettent en tête de se maquiller.....
Heureusement, il n'en est rien à ce jour......!
Blague à part et pour parler sérieusement, par contre, je constatai rapidement qu'il y avait des accrochages avec ces boucles, le passage de certaines en position au-dessus de l'oreille le prouvant alors que je choisis toujours une pose en une position inférieure me semblant moins problématique.....et moins laide, il faut bien l'avouer.
Quand la semaine passée, je préparais en mes pensées cet article, j'imaginais terminer en précisant que pour l'ensemble du troupeau, ces derniers mois, j'avais eu le plaisir de ne pas noter d'arrachages, ajoutant qu'en cette saison morte les animaux n'avaient cependant pas tentation d'herboriser dans les branchages ou passer la tête dans les grillages, la végétation étant en dormance.
Mais je ne terminerai pas cet article sur ce constat.
En effet, aujourd'hui, en ce premier jour de printemps, j'eus la mauvaise surprise de constater que Hermeline, une brebis adulte, avait perdu une de ses boucles seulement huit mois après la pose.
Ce n'est pas suite à un matériel défaillant, mais bien à cause d'un arrachage qui a déchiré l'oreille sur toute sa longueur. D'après l'état des croûtes formées par le sang, c'est arrivé durant ces derniers jours d'hiver.
Je comprends pourquoi cette femelle s'effrayait anormalement à mon approche. Elle doit souffrir, agacée et inquiète. On aperçoit d'ailleurs l'inflammation à la base de l'oreille, d'un rose soutenu.
Inutile d'espérer poser une boucle provisoire, ni même une future boucle de remplacement, comme l'exige la législation pour ces deux étapes en cas de perte de boucle, l'oreille est fichue.
En dehors de l'aberration du traitement sans discernement de nos moutons, face à l'identification obligatoire calquée à celle des élevages et des moutons de rente, sans parler une fois encore de son inadaptation, ce qui me désespère c'est de devoir considérer que le présent et l'avenir de mes Ouessant, comme pour tous les Ouessant de France et de Navarre, dépend de l'action ou l'inaction des pouvoirs publics et d'une seule association, le Gemo (Groupement des éleveurs de moutons d'Ouessant) .... alors que sous mon impulsion et mon intervention auprès de l'ancien président du Gemo, avec ce dernier, nous avions été nombreux à souhaiter actions et travaux qui permettraient à aboutir, pour qui souhaiterait le meilleur pour ses animaux, à une possibilité d'identification sous-cutanée pérenne et non mutilante des Ouessant, à l'image de ce qui se pratique pour d'autres animaux, y compris domestiques, y compris considérés comme "bêtes à viande" éventuelles, comme chevaux et ânes finissant à l'abattoir.
Simple question de bon sens, bon sens qui semble faire défaut en de nombreux esprits qui ne sont pas prêts à vouloir s'intéresser réellement au problème et travailler à faire évoluer les choses, se cachant derrière les textes officiels, par paresse, par désintérêt, par manque de lucidité et que sais-je encore que je ne m'autoriserai pas à nommer ici....
Parfois je me sens réduit à n'être qu'une sorte de Dom Quichotte se battant contre les moulins à vent que sont les systèmes, les structures et les personnes face auxquels je me heurte pour vouloir sortir d'une situation actuelle (bien que vieille de 20 ans) qui ne rend service ni aux administrations, ni aux éleveurs, ni aux animaux, les premiers concernés pourtant.