Certains éleveurs me contactant quant au problème de la tonte, voici quelques étapes en images du travail sur table que j'opère à présent.
Cela avec la toute dernière brebis du troupeau passant sous la tondeuse cette saison et qui, à préciser, n'est pas un Ouessantin dalmatien, mais simplement apparaissant éclaboussé de marques de lumière dues au soleil à travers les feuillages.
Depuis deux ans donc, travail sur table sciée à ma hauteur de façon à limiter le besoin de me courber exagérément et à pouvoir y poser un genou.
En cette position, la brebis sur le cul, plaquée contre une de mes cuisses puis l'autre selon l'avancement de la tonte, trouve un certain confort qui l'amène (normalement) à se détendre et s'abandonner... Normalement! car il y a toujours l'animal caractériel que rien ne saurait assagir sinon le remettre sur pattes pour le dénuder...et encore!
"Qu'on est bien dans les bras de son popa!"
D'abord ouvrir la toison par le ventre. (Attention aux mamelles...et zizi chez le bélier!)
Libérer cuisse et cul.
Puis flanc et tronc jusqu'à la colonne.
Pratiquer de même pour l'autre côté.
La toison s'épluche ainsi comme une orange dont on voudrait conserver l'intégrité de la peau en un seul bloc, sans faire un travail haché.
Le photographe est parti avant que je libère le cou, mais là encore pour cette étape, ouvrir une brèche, toujours pour au final libérer l'animal de sa toison en une seule masse.
Ceci est la méthode pratiquée chez les Lutins, inspirée du travail classique de tonte du mouton cul au sol...mais sur un Ouessant les gestes amples sont peu envisageables sauf sur laine dans un état exceptionnel. De plus quand on sait que la brebis ci-dessus est la plus volumineuse du troupeau, on comprend pourquoi la tonte d'un Ouessant dans le standard est bien plus délicate et compliquée que celle pouvant être pratiquée sur une grande race, qui plus est à toison moderne de bête à laine et non primitive.
Ensuite à chacun de trouver le cheminement et la technique qui lui conviennent, l'essentiel étant de faire bien, de se sentir à l'aise... et éventuellement tout en faisant bien, de faire au plus vite si possible, ce qui soulage l'animal qui déteste la contention mais aussi le tondeur qui a bien d'autres moutons à tondre.
Bien évidemment derrière de simples mots, il faut s'attendre au mouton qui ne veut pas rester en place, à une laine qui peut coller à la peau, à une laine que les peignes ne peuvent pas pénétrer, à une peau distendue sur un animal trop maigre qui risque facilement d'être coupée (toujours tendre la peau sur le corps et non tirer sur la laine), aux peignes qu'il faut décrasser et huiler au moins une fois durant chaque tonte d'un animal, aux plis de peau facilement entaillables près des articulations des membres rejoignant le tronc, aux toisons feutrées qui font coque sur tout l'animal ou en zone délicate du cou... et j'en oublie sans doute.
Dans tous les cas, pour un geste assuré il faut avoir connaissance de la morphologie du mouton et à chaque fois conscience de celle toujours particulière de chaque sujet entre les mains.
Dans le meilleur des cas, deux ou trois minutes peuvent suffire à tondre un Ouessantin, dans d'autres, extrêmes il est vrai, malheureusement une heure (si on persévère)... et au pire l'abandon s'impose en situation catastrophique. Entre les extrêmes, il y a une belle marge et une tendance pour la dizaine de minutes sans doute, bien que je ne chronomètre jamais pour ne me mettre sous aucune pression de rentabilité de temps. Tout résultat dépend du cas présenté par chaque animal: son comportement et son état général, tout comme le type de toison et sa qualité sans oublier l'avancement vers la mue.
Côté matériel, peigne et contre peigne doivent être parfaitement affutés. L'outillage et la dextérité du tondeur comptent également pour la réussite, tout n'étant pas forcément la faute du mouton et sa saloperie de toison.
Bon courage et bonne tonte si ce n'est déjà fait!