Toutes les brebis sont à nouveau réunies depuis début février.
C'est avec un mois de retard que les retrouvailles eurent lieu, par rapport à la plupart des années précédentes.
Elles furent chaleureuses. Elles étaient particulièrement attendues par les principales intéressées et ce dès l'éclatement d'automne du troupeau.
Après trois mois et demi de séparation, chacune a analysé chacune et certaines agnelles avaient manifestement un plaisir particulier à retrouver leurs mères, à en croire le fait qu' après les avoir longuement reniflées, elles les talonnaient durablement comme si elles craignaient de les perdre à nouveau.
Depuis, l'harmonie retrouvée, règne la sérénité dans ce groupe.
Sérénité et spectacle de cette troupe emplissent d'une grande bouffée de bonheur la poitrine du berger.
Heureux devant ces retrouvailles, heureux pour ses brebis.
Très vite, il y eut comme un froid avec l'arrivée de la neige.
Depuis quatre jours, depuis cette première et unique chute, la neige a du mal à fondre avec le gel nocturne et des températures à peine positives en journée.
Pour accéder à la verdure, les brebis doivent adopter la technique chasse-neige.
Les placettes libérées les jours précédents, favorisant le dégel de par leur couleur sombre, permettent un accès plus facile à l'herbe.
Les jeunettes expérimentent la technique face à cette situation nouvelle pour elles.
Avec pour conséquences, les inévitables boulettes givrées en collerette.
Les adultes, gestantes, ...
... au ventre lourd de la promesse tant attendue du printemps prochain, font avec, ayant de plus une certaine expérience face à ce genre d'épisode météo.
Tout comme la doyenne.
Heureusement, comme en tout temps, le foin garnit les râteliers si besoin était.
La distribution de céréales, attendue chaque matin, est un bon complément pour lutter contre le froid et d'abord se remplir pour démarrer sa journée.
Les glands, encore nombreux au sol, et quelques châtaignes satisfont également les panses, pour qui a patience de gratter la neige sous les arbres d'un antérieur énergique.
Mais bon, l'herbe étant une priorité et un plaisir dans l'alimentation du mouton, les Lutines s'adonnent de longues heures à pâturer.
On se remplit une fois encore un maximum avant la nuit.
Puis retour vers les abris en colonnes bien ordonnées, en empruntant les sentes qui rayonnent depuis leurs couches paillées et sèches où il fera bon ruminer et se reposer.
Plus que quelques jours de patience et ce désagrément hivernal ne sera plus qu'un mauvais souvenir figé en quelques images.
Le réel bonheur ne devrait plus tarder à revenir dans le pré.