Déjà plusieurs semaines de sécheresse et la situation semble vouloir s'installer durablement.
Bref c'est l'été.
Comme chaque année en cette période, les Ouessant Lutins adaptent leur vie, leur rythme et leur comportement, à cette situation météorologique qui rend l'herbe verte de plus en plus rare.
D'abord vie à l'ombre s'il n'y a pas de nuages, voire regain d'activité avant la nuit et même excursions nocturnes pour s'alimenter en secteurs trop ensoleillés en journée pour pouvoir y demeurer.
Les parcelles avec regain poussant après fauchage offrent encore un certain intérêt.
Un ciel voilé permet aux animaux de se disperser et s'aventurer où ils le souhaitent sans craindre un soleil brûlant.
Les animaux peuvent se retrouver à plusieurs sur un filon.
Mais le plus souvent c'est la dispersion selon la quête de chacun et chacune parfois suitée par son agneau du printemps.
Un secteur situé au nord et à l'ombre de la grange est resté vert.
Les bas de pentes qui ont recueilli les eaux plus durablement et qui donc ont conservé ainsi un peu plus d'humidité au sol sont appréciés.
Les bordures de bosquets situées à l'est ont encore de la verdure bien que celle-ci soit moins appétante de par sa situation, comme en toute zone à ensoleillement limité.
En zones ensoleillées, l'herbe résiste encore par touffes selon sa variété, son âge et les variations de sol sous ses racines.
Etre mouton est un véritable métier pour lequel l'expérience joue et non seulement les réactions instinctives.
Chaque animal sait choisir méthodiquement les brins qui lui sont intéressants tant d'un point de vue gustatif que nutritif, n'engloutissant rien au hasard, menant une quête minutieuse et se rendant en secteurs précis de son territoire qu'il connait parfaitement non seulement géographiquement mais pour leur intérêt .
Par exemple ces brebis exploitent une zone qui, pour nous, semble particulièrement intéressante…
Mais surtout à nos yeux seulement...
… car d'autres femelles nous montrent que la rareté peut s'avérer plus intéressante encore pour des raisons qui nous échappent si on ne raisonne pas en mouton selon ses exigences à lui, ses préférences, ses besoins.
En effet l'herbe au soleil est bien plus préférée quand il est possible aux Ouessant d'en trouver… question de nutriments.
Comme souvent, les béliers tendent à se regrouper.
Une bordure de haie humide qui attire du monde.
L'herbe ayant poussé sous les fougères peut être appréciée le moment venu.
Les arbustes et leurs feuilles accessibles sont une aubaine ou encore comme ici, la chute de rameaux de lierre.
Au pied des sources, les animaux trouvent encore végétation en vert, alors qu'en temps ordinaire, les secteurs trop humides sont instinctivement évités ou du moins peu prisés.
On ne s'ennuie pas devant un troupeau de moutons d'Ouessant, jamais, pour qui sait prendre le temps d'être attentif.
Il y a toujours à observer et à apprendre. Que ce soit sur le groupe, les individus et leurs caractères individuels ou leurs particularités,... ou encore selon leur sexe, leur âge… le lieu, la saison… les situations rencontrées.