Entendre vouloir comparer les espèces animales pour tenter définir celle qui serait "préférée" pour ne pas dire "préférable" à exister m'exaspère souvent.
Faut-il préférer le chien au chat ou l'inverse? le cheval à l'âne?... le mouton à la chèvre?
Chaque espèce présente des particularités que l'on jugera appréciables ou incommodantes, selon notre personnalité ou nos attentes à vivre en leur compagnie ou à les élever.
Aussi, pas question pour moi d'affirmer que le Ouessant prévaudrait sur la chèvre miniature ou inversement, en tant qu'animal domestique.
Par contre, oui ces deux ruminants sont bien différents; c'est certain.
Autant le mouton est d'un tempérament le plus souvent effacé, timide et émotif, autant la chèvre est un animal plutôt espiègle, alerte et déterminé. Sociabilisée cette dernière peut être un véritable "pot de colle" cherchant à la manière d'un chien la proximité humaine.
Ce n'est pas une découverte.
Voilà déjà ce que l'on peut dire pour répondre à celles et ceux qui m'interrogent sur le bilan d'introduction de chèvres miniatures parmi mes Ouessant.
Pour aller plus loin, l'introduction de cet animal bizarre qu'est la chèvre aux yeux de mes Ouessant, a créé chez eux panique et émotions au départ. Les moutons s'interrogeaient sur cette présence pouvant s'avérer être un danger (prédateur quelconque), prenant la fuite et réagissant à chaque mouvement des caprins.
Il a fallu des semaines, des mois, pour que mes chèvres soient considérées par les Ouessant comme faisant partie du décor, devenant simples éléments des prairies, et ne provoquent plus une grosse inquiétude à chaque mouvement.
Néanmoins, mes moutons voient toujours en elles des blousons noirs, des voyous devant lesquels il faut s'effacer, s'écarter, laisser sa place. Sur ce point, la chèvre est dominante et sait d'ailleurs le rappeler, quand besoin est, à l'ovin qui s'autoriserait trop de proximité. C'est sans doute le seul point qui me chagrine un peu, car mes Ouessant ne sont plus véritablement totalement chez eux à présent, devant composer avec les "intruses" faisant la loi.
Si mes chèvres suivent désormais le troupeau des Ouessant dans ses activités, elles conservent malgré tout une certaine liberté de mouvement par rapport à eux, sachant s'isoler et vivre leur vie sans s'en inquiéter.
Quant à se sentir concernées par le travail de ma chienne souhaitant regrouper le troupeau, aucunement, pas le moindre du monde! Elles regardent d'un air étonné les boules de laine qui marchent au pas, ne se détournant pas de leurs propres activités du moment.
Sinon, en vrac ...
La morphologie de la chèvre en fait une exhibitionniste permanente, alors que celle du mouton en fait un pudique.
La chèvre offre l'avantage sur le mouton de ne pas devoir être tondue. Mais par contre sans manteau, elle doit s'avérer moins rustique pour une vie en plein air permanente.
Il faut considérer l'odeur très forte de certains boucs en période de reproduction en particulier.
Acrobate née, la chèvre nécessite d'avoir des clôtures parfaites, d'autant qu'elle cherche plus que le Ouessant à croquer ce qui se trouve au-delà, s'y appuyant allègrement et s'y frottant beaucoup, autre habitude.
Les feuillages, les ligneux, l'intéressent en priorité. Son impact sur les ronces ne se limite cependant qu'à leurs feuilles, comme les moutons… mais la chèvre ne risque pas de se piéger dans les épines.
Quant aux chardons, pas plus que mes ânes ou mes Ouessant, la chèvre n'en fait une priorité comme on le prétend. Peut-être en est-il autrement sur des surfaces de prairie réduites et où la nourriture manque, ce qui n'est pas le cas chez les Lutins. (Cette année la sécheresse a plus malmené les chardons que mes animaux tous confondus ne l'ont fait.)
J'ai l'impression que la chèvre mange moins et surtout passe moins de temps à se consacrer à cette activité (simple impression?). C'est plus une glaneuse que je vois rarement paître à la façon des moutons.
Bref voilà un peu ce qui me vient à l'esprit quand on me demande de faire un petit bilan sur la présence de chèvres parmi les Lutins, depuis six mois à présent.