A 400 m d'altitude, sur le seuil nord du Massif Central, le printemps n'est pas aussi en avance que sur le littoral ou dans certaines plaines, pourtant dorénavant, la pousse de l'herbe en prairies est supérieure à ce que les Lutins engloutissent.
Aussi, en cette dernière journée de mars, la troupe profite une dernière fois de sa colline favorite et ne la retrouvera que dans quelques mois.
En effet, les ânes y sont installés au premier avril traditionnellement, le temps que leur parc attitré produise le foin nécessaire pour l'hiver prochain. Quelques mois de vacances pour les longues oreilles, durant lesquels ils apprécient ce changement annuel habituel pour eux.
Avec le peu d'humus recouvrant une des dernières langues rocheuses de trente millions d'années, l'herbe n'est pas très abondante sur cette colline.
Pourtant c'est la prairie préférée des Ouessant. De par son insolation, de par son drainage naturel, une zone à moutons quoi.
Seul le fond de la ravine, où coule le ruisseau, procure une herbe plus tendre appréciée également.
Le mouton sait faire ses choix selon ses besoins, quand il en a la possibilité.
Il ne consomme pas au hasard, ni en rapport aux lieux, ni en rapport aux points précis en ces lieux … ni en rapport aux variétés végétales rencontrées. Il analyse ce qu'il s'apprête à engloutir.