Hier, 21 septembre, avait lieu le concours annuel du GEMO, au Mans.
Ceux qui me connaissent, savent à quel point je suis réticent face à ce genre d'événement, pour les travers que cela entraîne pour ce type ovin, comme j'ai parfois pu l'exposer en d'autres articles. Revers de la médaille (c'est le cas de le dire!) pour un type ovin pour lequel, seule la construction de la conservation devrait primer.
Mais bon, après trois mois de sécheresse catastrophique, après avoir tout essayé pour faire revenir la pluie (y compris danser nu dans les prés par ces dernières nuits de pleine lune), j'ai fait un écart de conduite en me rendant à ce rassemblement, sorte d'ultime sacrifice offert aux dieux des éléments pour qu'ils m'envoient de l'eau… D'ailleurs, certains éleveurs me voyant se sont dit: "il va pleuvoir!"
Et cela a marché, puisqu'au moment où je rédige, il tombe des cordes (pour combien de temps?)
Blague à part, comme cela faisait neuf ans que je n'avais pas fréquenté un concours du Mouton d'Ouessant, j'ai saisi l'occasion d'une toute relative proximité de ce dernier en rapport à ma région, pour y passer la journée, en simple visiteur.
Quelques moments saisis par le berger en rapide balade sur les lieux ...
D'abord un petit tour par les enclos où les petits groupes d'animaux sont contenus par élevage.
Moutons de forme génétique Agouti blanc bronzé, dits communément "blancs" et qui sont en fait des animaux phéomélaniques, c'est à dire à pigmentation roussâtre décolorée en grande partie.
Parmi ces béliers eumélaniques noirs, un sujet décoloré par la présence d'un double allèle spécifique.
Oh les belles noires! ... qui seraient du plus bel effet sur mes prairies, dont celle du centre que j'aurais voulu ramener sous le bras ...
Le concours débute, les moutons concernés par une même section sont rassemblés et doivent attendre avant leur entrée en scène.
Les Ouessant à l'attache ensuite, en attendant le jugement (en le leur souhaitant non le "dernier") ...
Quelques résultats en ces trios d'animaux les plus appréciés par les trois personnes chargées de les analyser:
La route m'attendait, je n'ai pas pu suivre les choses totalement.
Des travers? Oui j'en ai noté comme à chaque fois, tout en demeurant silencieux ...
Je ne suis pas concours en soi car une fois encore, je trouve dommage que, parce que mouton, le Ouessantin se retrouve réduit à un objet de compétition (type comice agricole) alors que l'aspect et le souci conservatoires devraient primer pour ce mouton "primitif", les travers qui se cachent derrière une hypothétique beauté/qualité ne rendant pas service à l'avenir de ce type ovin, occultant l'importance primordiale des aptitudes, en particulier à l'intérieur du noyau des animaux prisés.
Je passerai sous silence, au niveau humain, déceptions, jalousies, rancoeurs, tensions, conflits, qu'engendre à chaque fois toute compétition, en coulisses et au delà.
Mais les éleveurs sont-ils capables et suffisamment motivés pour se rassembler autrement, uniquement pour s'unir et travailler autour du souci de la sauvegarde?
Cependant pas question d'avoir l'air de cracher dans la soupe, c'est en soi, pour moi, uniquement l'aspect rassemblement d'hier qui avait bien tout son intérêt, me permettant de voir "du Ouessant". Beaucoup! ils étaient 175 si mes oreilles ont bien compris et retenu.
Trop? Il est vrai que je ne savais plus où donner de la tête et que mon regard se perdait, ne pouvant s'attarder comme je l'aurais voulu.
Mais il est toujours intéressant de noter les caractéristiques qui se dessinent en chaque élevage, phénomène aboutissant à une sorte de carte d'identité de chacun. De noter aussi les tendances au fil des ans par certains liens établis par certains éleveurs entre eux … et plus globalement l'évolution d'allure du cheptel depuis vingt trois ans que je fréquente, à l'occasion, ce genre de manifestation.
Je voulais voir du Ouessantin, j'en ai vu, encore et encore. C'est ce qui m'intéressait et je n'ai pas été déçu, déjà sur ce point, sans oublier le plaisir de retrouver certains éleveurs ou d'en découvrir d'autres.
Avec en plus les effluves grisantes du Ouessantin qui macère un peu, étrangement, cela me donna une forte envie d'élever des Ouessant ...
Ainsi, le plaisir fut double à retrouver les miens aujourd'hui, avec, cerise sur le gâteau, un peu d'une pluie tant attendue depuis trois mois.