L'été fut sec, très sec. Et chaud, très chaud. Trois mois sans pluie avaient totalement dégradé les prairies.
Heureusement, avec l'arrivée de l'automne, 232 mm de pluie cumulés ont bien fait repartir l'herbe malgré des températures un peu basses ces dernières semaines.
Qui dit automne dit saison des accouplements pour les Ouessant.
Ainsi, depuis quelques jours, les Lutins se retrouvent limités dans leurs déplacements, et cela pour deux mois, confinés par lots.
Les plus à plaindre sont les béliers non reproducteurs, demeurés entre eux à l'isolement. D'autant que celui-ci risque désormais d'être définitif, après le surprenant agneau-boom du mois dernier, non désiré et donc non calculé. A l'avenir, il est fort probable que le rituel des retrouvailles de ces messieurs avec les brebis, à la belle saison, ne sera plus qu'un lointain souvenir dans l'histoire du troupeau des Lutins. Il m'importe d'éviter telle nouvelle mésaventure si "l'air du temps" voulait faire évoluer durablement les sens et les comportements des Lutins, comme ce fut le cas cette année.
Les agnelages tardifs ont en conséquence exclu quelques brebis (situation d'allaitement) des programmes de reproduction de cet automne.
Il a fallu ainsi remanier les lots prévus, selon les objectifs et les disponibilités.
Ici, un groupe de femelles avec un mâle Non agouti brun pour poursuivre le très long et fort compliqué travail autour de ce gène, démarré depuis 2003, tout en tentant de définir un morphotype et un génotype global précis chez les futurs jeunes.
Là, un autre avec un mâle Non agouti noir, homozygote pour l'allèle faded, avec pour unique but de consolider certaines lignées en nombre d'animaux.
Enfin, un troisième et dernier, avec un mâle Non agouti noir, afin de tenter fixer plusieurs allèles déterminant certaines colorations.
Aujourd'hui fut une belle journée de confinement pour les Lutins. Certaines toisons se marient merveilleusement bien avec l'ambiance automnale, comme ici la forme Non agouti noire homozygote pour l'allèle faded de décoloration.
Mais il ne faut pas oublier le groupe des autres brebis, vieilles ou simplement bénéficiant d'une année de repos côté reproduction, et cette année les neuf femelles allaitantes tardives, ainsi que leurs jeunes qui animent la bande.
Ce groupe est également animé par la présence des dynamiques biquettes femelles ...
... et j'allais les oublier, les demoiselles laineuses du printemps qui ne seront utilisées en reproduction que dans un an, leur croissance alors plus aboutie.
Pendant ce temps, mes frères primates bipèdes domestiques confinent également de leur côté depuis peu, eux pour cause de pandémie.
Aucun signe de vie. Aucun bruit de véhicule, aucune tronçonneuse, aucun coup de fusil, aucun cri. L'atmosphère serait presque magique si en levant les yeux, un sillon dans le ciel, suite au passage d'un avion d'altitude, ne venait me rappeler que je ne suis pas véritablement seul au monde, malgré cette impression de paix extérieure bien agréable qui enveloppe la campagne et donne l'illusion d'être transporté soudainement dans un passé très très lointain encore sans pollution sonore.