Les ragots ont toujours existé, il font partie intégrante du phénomène de l'humanité dès l'émergence de la capacité de langage. C'est une nourriture qui semble essentielle à la nature humaine. Personne n'y échappe; tout le monde en colporte.
Le ragot se colporte par un processus incontrôlable et, si on n'en casse pas l'élan, il finit par devenir réalité pourtant sans fondement, dans les plus petits des esprits où il aurait chuté.
Il n'y a pas si longtemps encore le phénomène était fécond au lavoir du village ou au bistrot du coin. Aujourd'hui on pense inévitablement au net et en particulier aux réseaux sociaux, les ragots pouvant toucher l'intime de chacun ou être de portée internationale, mais la technologie n'a pas pour autant le monopole en ce domaine et les ragots entre proches, à l'ancienne, de bouche à oreille, ont encore de beaux jours devant eux.
Tout cela pour quoi?
Simplement parce que des ragots à mon sujet en tant qu'éleveur de Ouessant, il m'en arrive à ma connaissance de temps à autre. Le plus souvent, au pire ils agacent ou encore consternent, au mieux ils font sourire, d'autant quand j'en connais la source et que je considère alors que mieux vaut laisser couler. "ça ne vole pas haut" comme on dit ...
Cependant, parfois il est bon de réagir et de remettre les pendules à l'heure.
C'est ce que je souhaite faire par cet article, puisque, dernièrement, me sont arrivés aux oreilles propos suivants colportés sur la place nationale et internationale semble-t-il, ... "qu'il faut se méfier de mes Ouessant du fait que j'importe des animaux".
Que les choses soient claires. Non, je n'importe pas de Ouessant.
D'une part, je n'en ai aucunement nécessité ni même simple désir. Tout comme je n'exporte pas plus de Ouessant, même si on m'en demande aux quatre coins du monde, n'étant pas marchand d'animaux et ne souhaitant pas me plonger dans les tracasseries administratives nécessaires, je n'importe donc pas plus de Ouessant. Ce qui d'ailleurs ne me serait absolument d'aucune utilité, la substantifique moëlle du Ouessant se trouvant déjà dans mon élevage et chez une poignée d'éleveurs amis de l'hexagone.
Bêtise humaine donc, ignorance, jalousie? Peut-être un peu tout cela sans doute à l'origine, pour aboutir ensuite à de tels ragots.
Ma simplicité naturelle fait que je me mets rarement en avant (si ce n'est ici ma passion pour le Ouessant par ce blog), préférant demeurer le plus souvent silencieux, scotché sans voix même par les énormités que je vois ou entends ici et là en bien des situations depuis des décennies.
Mais pour une fois ne soyons pas humble et rappelons ce qui suit.
Non, je n'importe pas de Ouessant. Par contre ...
Oui, depuis 25 ans, je m'attache à comprendre ce type ovin.
Oui, il y a 25 ans que j'élève cet animal.
Oui, il y a 25 ans, je commençais à compiler écrits sur cet ovin.
Oui, il y a 25 ans, je commençais à constituer une banque d'images du passé représentant ce mouton (ce que personne n'avait fait jusqu'alors) pour en cerner une image réelle non seulement fondée sur le "on dit" qui pose bien des soucis d'authenticité.
Oui, il y a 25 ans, je commençais à m'intéresser au paysage génétique des colorations touchant les animaux du Gemo (ce qui alors n'intéressait personne) et décidais de multiplier celles délaissées, conscient d'une richesse que certains voulaient détruire.
Oui, il y a 25 ans, je commençais à m'attacher à travailler en direction de la sauvegarde de cette composante ovine.
Oui, il y a 25 ans, je commençais un travail de sélection dans mon troupeau.
Oui, il y a 25 ans, je m'attachais à une composante en souches Ouessant avec origines et issues de la population continentale, relique éclatée, utilisée pour relancer ce type ovin (en 1976 seulement).
Oui, il y a 25 ans, je m'attachais à mener reproduction calculée pour un suivi précis des paternités (ce qui n'était que rarement pratiqué alors).
Oui, il y a 25 ans, je m'attachais à me constituer généalogie en branche maternelle comme paternelle pour chacun de mes Ouessant (ce qui n'était que rarement pratiqué alors).
Oui, il y a 18 ans, j'ai travaillé à un futur déménagement, faute de prairies pour mener à bien mes travaux d'étude et conservatoires sur le Ouessant et pouvoir prendre retraite anticipée le moment venu dans ces perspectives.
Oui, de 55 moutons en 2010, j'ai pu ainsi ensuite monter à une centaine, toujours en élevage conservatoire à titre de particulier... ce qui perdure.
Oui, il y a une douzaine d'années, j'ai entamé ce blog pour faire connaître le Ouessant, sa réalité, partager mon expérience... briser certaines erreurs d'alors le concernant.
Oui, j'oublie sans doute bien des points encore de mon vécu d'un quart de siècle avec le Ouessant pour le Ouessant, mais sur tous ces points confondus, il me faut reconnaître que je ne connais personne qui a autant servi et apporté à sa cause et qui connaît aussi bien cet animal.
Non, les chevilles vont très bien, merci. Quand je suis à mon ordi, j'enlève mes bottes...
Ce n'est pas fini ... Profitons en pour aller plus loin encore.
Non, je ne possède pas de Ouessant "pure race" du fait que personne au monde n'en possède par ailleurs.
Non, je ne possède pas de moutons d'Ouessant "pure race", du fait que le Ouessant n'est pas une race mais un type ovin.
Non, je ne possède pas de moutons d'Ouessant "pure race", du fait que ce dernier n'a jamais été élevé sur Ouessant pour en faire une race.
Non, je ne possède pas de moutons d'Ouessant "pure race", du fait que la population Ouessant insulaire du type ovin ancien supposé nous intéresser a disparu de son île, il y a plus de 120 ans (comme nous l'indiquent les documents photographiques les plus anciens).
Non, je ne possède pas de moutons d'Ouessant "pure race", du fait que tous les Ouessant actuels sont issus en fait de noyaux d'ovins simplement de type Ouessant, continentaux depuis des dizaines et des dizaines de générations, avec leur propre histoire.
Non, je ne possède pas plus de Ouessant dits originels, bien que je possède des animaux de même sang que les Ouessant de ceux qui anoblissent leurs moutons par ce qualificatif, mes animaux se retrouvant qualifiés par ce terme à l'occasion quand ils intègrent leurs élevages. (Si quelqu'un sait ce qu'est un Ouessant originel, je suis intéressé qu'il vienne nous l'expliquer sur ce blog, cela intéressera tout le monde également).
Oui, par contre, je possède bien, depuis toujours, des animaux issus des premières souches dites Ouessant continental retrouvées et utilisées depuis plus de 45 ans en suivis et sélections en milieu associatif. A ce titre, je peux garantir comme tels tous mes Ouessant et même affirmer que le travail des plus pointus que je mène depuis 25 ans me permet de produire animaux bien plus intéressants dans ce sens que bien des Ouessant décorés ou anoblis ailleurs par manque de rigueur.
Messieurs (Mesdames?) les colporteurs de ragots, venez vous informer directement auprès du principal intéressé plutôt que raconter n'importe quoi. Il vous accueillera, vous expliquera bien des choses et vous pourrez apprendre et échanger. L'ignorance glisse vite dans la malveillance pour tomber dans la diffamation.
Je me doute bien que vous n'aurez pas le courage de le faire, mais sinon il serait profitable pour tous et pour le Ouessant en premier, que vous veniez commenter, prendre la parole sur ce blog pour expliquer vos propos, vos idées, vos connaissances, argumenter, partager et aussi apprendre sur le Ouessant de type ancien et ses descendants de l'élevage des Lutins. Ce serait tellement constructif. Ce blog est là pour cela et je suis personne ouverte au dialogue n'ayant rien à cacher...
Ceci étant, j'espère que les pendules, qui auraient eu besoin d'être remises à l'heure, le sont désormais.