L'automne dernier avait apporté une belle série de naissances tardives, en particulier en toisons dites "blanches".
Neuf mois après, les animaux ont forcément bien grandi et ils se retrouvent même tondus.
Sur l'ensemble, je n'avais conservé que les femelles, les mâles faisant des heureux ailleurs.
Au final, sur les quatre filles, j'ai sélectionné les deux brebis les plus intéressantes pour mon travail.
Il y a d'abord Savane qui, comme on le voit, a su conserver ses zones de bronzage, assez particulières la concernant.
En effet Savane présentait une coupure nette entre le bronzage en croupe et un blanc plus pur en thorax.
Photo souvenir de Savane à sa naissance pour se remémorer son aspect.
La seconde élue est Peluche (qui avait une toison dense dès la naissance).
Peluche révèle à la tonte sa belle tenue léopard qu'elle a conservée.
Peluche à la naissance pour se remémorer et comparer.
Pour rappel, ces deux brebis "blanches", comme tous les Ouessant dits blancs, sont plus exactement d'un point de vue génétique, de toison Agouti blanc bronzé (Agouti white tan, Awt).
Le Ouessant a la particularité d'offrir une grande variabilité de ces toisons, pouvant aller d'un blanc immaculé et pur, en passant par des blancs plus beiges ou encore panachés de tan voire quasi totalement bronzés, même à l'âge adulte.
La belle diversité d'expressions des toisons dites blanches chez le Ouessant, avec ou sans tan, est non seulement un réel plaisir pour les yeux, mais d'abord une formidable richesse patrimoniale d'un point de vue génétique pour le type ovin Ouessant de forme ancienne.
Savane et sa mère Pica, deux nuances de blanc (version avec et version presque sans pigment phéomélanique donnant cet aspect roussâtre qui faisait appeler ces animaux "rouges" par les anciens)
Toutes les naissances blanches de l'automne dernier, du moins celles conservées et que j'ai pu voir évoluer, sont bien de mon bélier dominant d'alors (d'abord par sa taille), Hubot. En effet, durant la croissance, certains caractères dans la construction, dont le crâne, n'ont fait que confirmer ce que je supposais déjà globalement concernant l'énigme de paternité (non calculée).
Hubot est comme je dis "un bélier de château", pour faire allusion à ces Ouessant issus des souches Ouessant continentaux les plus anciennes vivant sur les parcs des châteaux... et ayant permis avec d'autres souches la relance de ce type ovin dit Ouessant de forme ancienne qui malheureusement avait fini par disparaître sur son île d'origine.
Certes ces lignées n'ont pas subi de sélection particulière ces cinquante dernières années, affichant en particulier sur une taille un peu plus grande que dans le standard créé depuis, mais ils n'en sont pas moins précieux du point de vue de la "substantifique moëlle", du "sang" ou du "patrimoine génétique" comme on voudra.
Si le bel Hubot a rejoint à présent un éleveur averti amateur de ce type de souches qui saura lui offrir un bel avenir ainsi qu'à ses gènes, les Lutins en conserve les perles précieuses que sont Savane et Peluche. Ces dernières auront le droit de s'accoupler à l'automne prochain ou 2022, pour enrichir de nouvelles lignées de cette part "Ouessant de château" présentant en particulier une belle rusticité... et participer au brassage des gènes qui construit l'identité d'une population ovine et d'abord celle du troupeau.
Si donc un jour quelqu'un s'autorisait à vous faire remarquer que votre Ouessant n'est pas assez blanc(he), maintenant vous savez que vous pourrez vous autoriser à regarder cette personne droit dans les yeux avec un petit sourire en coin pour lui faire comprendre qu'il/elle aurait mieux fait de se taire pour ne pas dévoiler son ignorance, et lui expliquer gentiment mais avec masse de détails ci-dessus exposés, ce qu'est réellement une coloration dite blanche, la diversité rencontrée chez le Ouessant sur cet aspect, et même la renvoyer aux documents photographiques anciens révélant cette diversité existant de longue date dans ce type ovin... le principe du "je ne crois que ce que je vois" prévalant sur tout blabla.
Le Ouessant a tout à fait le droit de présenter zones de "bronzage" (tan), d'intensités, de formes et d'étendues variables, tout autant au stade juvénile qu'à l'âge adulte. Son histoire et sa réalité génétique veulent qu'il en soit ainsi ...