Restriction de surface disponible pour les béliers cette année. Donc réduction du nombre de ces Messieurs chez les Lutins.
Depuis 25 ans, cet été est le premier durant lequel les mâles ne côtoient pas les femelles et leurs petits. C'est triste pour eux et l'ambiance du troupeau n'est plus la même. Il me faut dorénavant m'habituer également à cette nouvelle forme d'élevage chez les Lutins.
Les gars ne sont plus que sept et quatre seulement, les moins vieux, ont encore un possible rôle de reproducteur.
Flocon est de ces derniers. Ce mâle a plus de trois ans à présent et peut être considéré adulte désormais, sa croissance étant pour ainsi dire terminée. C'est le seul de cet âge actuellement.
Flocon n'a pas fondu et a même fait boule de neige. C'est le moins que l'on puisse dire.
Comme on le remarque, son cornage a encore bien poussé ce printemps, d'après la longueur du segment neuf et rosé situé entre le front et la première échancrure liée à quelques chocs lors d'affrontements hivernaux.
La pousse en question du cornage est bien visible également de profil. Il faut se rappeler que contrairement à l'arbre, la corne pousse depuis sa racine au niveau du crâne et non à son extrémité qui elle au contraire s'use.
Flocon a pris de sa lignée paternelle pour la corne et de sa lignée maternelle pour la corpulence.
Ce bélier blanc séduit toujours le visiteur. Il est vrai qu'il a jolie allure globalement malgré une lourdeur qui peut déranger selon les goûts de chacun. En dehors de cela, malgré des aplombs qui rendraient envieux bien des Ouessant, le connaissant, je le sais encombré par des pieds un peu grands. C'est peut-être là son défaut, s'il faut lui en trouver un.
Lourd mais pas moins vif et alerte pour autant, Flocon voltige même sans vent...
Il n'est pas encore passé sous la toise. C'est pour bientôt.
Avec 43 cm au garrot en août dernier, comparé aux autres Lutins, il devrait avoir atteint les 44 cm, sans dépasser les 45 (maximum éventuel encore toléré chez les Lutins, bien qu'à 49 cm un mâle est encore au standard).
Ce genre de bélier Ouessant, de forme agronomique comme je dis, en référence aux animaux de foire à bestiaux et autre concours agricole, m'interroge toujours. Malgré une belle construction, avec son allure lourde (sans parler de poids mais bien d'allure), Flocon me séduit-il encore?
J'ai songé m'en séparer, pensant que l'on s'éloigne sans doute beaucoup de la conformation du Ouessant d'antan souvent présentée en termes peu élogieux.
Comment était le Ouessant sur Ouessant? (à quelle époque d'ailleurs?). Quel était le profil moyen de ce type ovin selon l'époque considérée? Nous n'en savons en fait rien, faute de documents en nombre (la photographie arrivant tardivement) et pouvant être considérés représentatifs d'un cheptel de milliers d'animaux.
Comment donc devrait être finalement le Ouessant aujourd'hui si on souhaite le préserver en une certaine forme ancienne? Nous ne savons rien qui permette d'orienter l'animal vers tel ou tel profil, dans un registre de sauvegarde, en référence à un certain passé.
A l'instar de ce qui s'est passé pour l'évolution orientée de nombreuses races canines durant ce dernier siècle, la mode du moment, le mécanisme de compétition et donc la surenchère dans un sens ou un autre, les goûts d'acteurs influents en élevage, les politiques menées, vont sans doute construire un Ouessant moderne (moderne dans le sens de nouveau), un "Ouessant tendance" en un certain milieu pendant que la masse des animaux sans origines suivra sa propre route .... En un quart de siècle j'ai pu observer beaucoup de changements chez les animaux des éleveurs...
Bref beaucoup de questions pour lesquelles je n'ai pas de réponse toute faite (et que je vous pose également). La réflexion s'impose tant je suis conscient que, dans le même temps, rien n'est stable en ce bas monde et que tout est en évolution perpétuelle, même quand on croit contenir en une certaine direction.
Parti de quoi pour aller vers quoi le Ouessant de type ancien?
Pour revenir à Flocon. Je me suis décidé à le conserver pour déjà décorer la prairie ... et, malgré le "défaut" pour mon élevage d'être un bélier blanc, le tester tout de même en reproducteur l'an prochain, d'abord sur une poignée de brebis (noires forcément, et surtout pas blanches).