J'avais prévu une première naissance mathématiquement possible autour du 10 mars; ce fut ... le 10 mars.
150 jours théoriques de gestation (donc 5 mois théoriques) .... moins une petite semaine car cela peut ne durer que 145 jours, comme la rencontre des brebis avec leur bélier avait eu lieu le 15 octobre, je guettais un possible agneau par chance autour de ce 10 mars. Ce fut le cas.
Dans l'après-midi, j'avais perçu que quelque chose n'allait pas chez Brunella. Elle était contrariée.
Elle finit par gratter le sol, tourner et renifler l'emplacement. Les signes étaient là. J'avais espoir d'assister à une naissance.
Pourtant pendant une heure ou deux, pas de contractions perceptibles mais une brebis bien abattue. Je commençais à craindre un agneau mort en ce ventre, les choses n'allant pas comme quand tout se présente bien.
Je laissai faire me disant que je verrais plus tard. A mon retour, toujours pas de jeune vers 19h. Le travail avait bien commencé mais la poche des "eaux" n'était pas encore percée et je trouvai une femelle bien fatiguée. Décidément, cela n'allait pas... comme je le craignais déjà plusieurs heures auparavant.
La nuit tombait et manifestement, j'allais devoir intervenir. Je pus facilement attraper Brunella, elle bien farouche d'ordinaire. Signe d'épuisement. Je m'aperçus que rien ne pointait "à l'horizon". Heureusement, du bout des doigts, je devinai les sabots antérieurs et la tête en bonne position et découvris que le petit était bien vivant.
Les contractions de la brebis étaient devenues rares. Je réussis peu à peu à faire avancer l'agneau pour capturer les pattes en m'assurant que la tête restait en bonne position mais manifestement cela ne passerait pas.... 19h30, toujours des manoeuvres encore et encore, sans succès. Des images de cabinet de véto un dimanche soir commençaient à me traverser l'esprit. Tout semblait perdu et je n'étais plus certain que le jeune soit encore vivant, avec en moi la crainte de déchirer la mère qui gémissait ou arracher les pattes de l'agneau... tout à coup un léger craquement inquiétant laissa vite la place à la satisfaction, la tête venait de passer. A la satisfaction succéda la joie, l'agneau était encore en vie.
19h45, trois quarts d'heure d'inquiétude et de sentiment d'inefficacité pour enfin la récompense.
Un agneau mâle de belle taille venait de voir le jour ou du moins la lumière du plafond. Quelle idée d'avoir la grosse tête!
J'avais même imaginer un instant, un "monstre", durant les manipulations, pour expliquer ce problème. Mais non tout y est et fonctionne normalement sur ce bon grand gaillard.
Ce jeune animal brun (non noir) encore humide me permet de plus, en récompense, de découvrir le génotype caché de son père.
Brunella dans tout cela était KO mais soulagée et resta ainsi très longtemps, incapable de s'occuper de son jeune. Pas de séquelles pour elle, le sang n'est que celui issu de la rupture de cordon.
Aujourd'hui brebis et agneau vont bien. Ils ont profité d'une belle journée sur l'herbe. La mésaventure n'est plus qu'un mauvais souvenir, mais c'est en ces circonstances qu'on remercie le hasard d'avoir pu être présent pour cette naissance difficile. Brunella avait eu d'autres jeunes sans problème jusque là. Cette fois pourtant, elle peut me remercier d'être encore de ce monde, tout comme son jeune.
Ce genre d'incident demeure exceptionnel et n'étant pas superstitieux, je demeure serein pour la suite de l'agnelage 2013 après cette première naissance de l'année plutôt atypique...