Depuis 21 ans, le loup se réinstalle naturellement en France.
"Au loup!" crie-t-on le plus souvent dans les campagnes de plus en plus de départements et de régions. On, d'abord les médias qui, en la circonstance, perdent leur supposé professionnalisme pour tomber dans le style de la presse à sensations, n'en faisant pas autant face aux multiples attaques de chiens errants chaque semaine sur les troupeaux ici et là, les propriétaires victimes ne réagissant d'ailleurs pas le plus souvent....
Massacré durant des siècles, parfois méthodiquement, pour être finalement exterminé en France au milieu du siècle dernier, le loup a décidé de reconquérir les terres de ses ancêtres. C'est en 1992 que les premiers individus sont découverts dans le Mercantour. Ces pionniers du renouveau de l'espèce sont issus de la population de loups italiens qui n'a jamais cessé d'exister de l'autre côté des Alpes. Depuis, le canidé se reproduit sur le sol français, dans les Alpes seulement jusqu'alors, mais cette année 2013 voit la découverte d'une portée dans les Vosges. Les autres massifs montagneux, Jura, Massif Central et Pyrénées accueillent également quelques loups de passage ou installés sans constat de reproduction pour autant. Enfin, le front de prospection de l'espèce vers d'autres territoires s'étend un peu plus chaque année hors de ces massifs, vers l'ouest et le nord. Selon les sources et le regard porté sur le loup, sa population française annoncée est de 250 à 300 individus.
L' absence du loup dans notre pays ne fut finalement pas bien longue, seulement quelques décennies après des dizaines de millénaires de présence. Mais cette absence devint très vite considérée comme normale, l'Humain, faute de connaissances et de réflexion, ayant d'ailleurs la particularité de considérer son présent et le monde qu'il s'est construit comme normalités.
En deux décennies, le loup est devenu le grand carnivore le mieux représenté en France alors que dans le même temps la population du lynx s'y meurt depuis sa réintroduction, à cause de l'hostilité de certains, et que les deux derniers ours bruns pyrénéens(des mâles!) risquent de ne jamais pouvoir transmettre leurs gènes depuis l'assassinat de la dernière femelle. La disparition programmée de l'ours brun et celle possible du lynx, laissent les pouvoirs publics plutôt indifférents alors que le retour du loup les agite comme jamais ne l'a fait une espèce animale. Cherchez l'erreur! Un site à consulter, Ferus:http://www.ferus.fr/
Le loup ... l'ours, le lynx et les divers petits carnivores ... ne sont pas un problème. Ils existent tout simplement et sont essentiels dans les rouages du monde du vivant dans lequel le système, le rapport, prédateur/proie fonctionne et fonctionne même plus que bien pour avoir fait ses preuves au sein du vivant depuis l'origine des espèces.
Le loup n'est pas un problème mais l'Homme en fait un problème. Du moins essentiellement deux noyaux particuliers des activités humaines en font un problème alors que la majorité de la population française n'est pas hostile au canidé.
D'abord celui des éleveurs (ovins surtout), ce qui peut en partie se comprendre puisque pour simplifier: l'activité consiste à "déverser" dans l'espace rural "de la viande vivante", proie potentielle pour tout carnivore. L'augmentation de la taille des troupeaux de moutons, la perte de l'habitude de gardiennage et ses techniques, voire l'absence de ce gardiennage ont rendu le mouton vulnérable face au retour du loup. Malheureusement, il faut que les éleveurs se rendent à l'évidence, seuls des changements au niveau des pratiques d'élevage et des moyens de protection à mettre en oeuvre avec l'aide parfois de personnel supplémentaire sont les réponses pour éviter ou limiter les pertes dues au prédateur. Des contraintes assurément et des soucis supplémentaires dans une filière en difficultés diverses bien avant le retour du loup, espèce protégée. Pour aborder le problème en long et en large, un site, la buvette des alpages:http://www.buvettedesalpages.be/
Ensuite, plus surprenant (bien que!) celui du monde cynégétique (de la chasse, pour faire plus simple) qui voit dans le loup un concurrent à ses pratiques ludiques de tir, alors que ces chasseurs présentent souvent, pour justifier leur activité, la chasse des grands ongulés (cerf, chevreuil, mouflon... sanglier) comme moyen de réguler ces animaux. L'allié qu'est le loup dans cette nécessité de régulation devient bizarrement l'ennemi de la faune herbivore... et de la chasse. Cherchez l'erreur! En fait, n'acceptant toujours pas au 21ème siècle les mammifères carnivores plus petits comme le renard ou la belette tout comme les rapaces , les chasseurs (j'aimerais pouvoir dire, une partie de ceux-ci) voient d'un mauvais oeil le retour du loup sur leurs territoires de chasse. Le site de l'Aspas:http://www.aspas-nature.org/
Pour revenir à nos moutons, les Ouessant, oui le retour du loup peut devenir parfois un souci sur le continent. Qu'on élève un poney, un âne, ... quelques chèvres ou quelques moutons....(ou mieux des Ouessant!), cette activité d'élevage de pur loisir peut un jour ou l'autre être perturbée par le retour du loup et son expansion dans l'hexagone, selon l'endroit où on habite et le niveau de tolérance, la place que la société française aura laissé à Canis lupus.
Le Ouessant, proie potentielle du renard (pour l'agneau).... comme du loup, mais d'abord des chiens errants, et même victime du vandalisme des humains ou de la négligence de certains éleveurs.
La rubrique "Autour des Lutins" de ce blog verra-t-elle un jour venir s'y ajouter un article sur la visite d'un loup.
La probabilité est faible car la progression de ce prédateur risque d'être contrariée par les politiques de gestion de cette espèce protégée, pourtant détruite de façons plus ou moins légales (Sic!) et plus encore par braconnage (resic!)
Si le loup devait venir visiter un jour le troupeau des Lutins, je ragerais bien évidemment, regrettant mes animaux et leur sort, me désespérant des années de travail de sélection anéanties..... Ce serait un véritable drame pour eux comme pour moi. Cependant, au-delà de l'émotion et l'intérêt personnel, tout comme je sais que le renard peut me prendre un jeune agneau (ce qui n'est encore jamais arrivé), je conçois que ce sera alors à moi de protéger mon troupeau par de nouvelles pratiques d'élevage (nuit en bergerie par exemple), sans chercher à détruire l'adversaire, tout comme je l'ai toujours fait dans mes divers élevages, de volailles en particulier malgré les centaines de pertes subies. Comme j'ai coutume de dire: si on a choisi d'élever, quelle que soit l'espèce domestique, cela ne doit pas se faire au détriment de la faune sauvage chez qui on installe ses pensionnaires. Le sauvage, le naturel doivent primer sur l'univers artificiel du domestique, nouveau et provisoire assurément tout comme l'Homme dans le fleuve du vivant.
Vivre avec le loup (qui n'est pas un danger pour l'humain), tout un symbole. Ce défi qui se pose à la société française et au monde rural en particulier et ses différents acteurs permettra de mesurer la réelle importance que l'espèce humaine donne à la nature qu'il reste.
J'ai déjà bien mon idée du résultat quand je vois les réactions des uns et des autres face à un simple frelon sur la poire du verger... Mais bon! Sensibiliser, éduquer, faire passer les messages, ouvrir la réflexion, c'est ainsi que l'on construit le monde. Essayons!
On a le monde que l'on se construit.
N'oublions pas que nos 250 loups ne font que ce pour quoi ils sont programmés, puiser sur les sangliers (autre espèce problématique pour les humains), les chevreuils et autres proies, dont quelques ovins vulnérables mis à leur disposition. Pendant ce temps 65 millions d'humains labourent, bitument, bétonnent l'espace, tronçonnent, s'amusent à tirer sur la faune ou la pêcher, empoisonnent l'air, les sols et les eaux, envahissent le ciel et les mers ... bouleversent les écosystèmes, réduisent la biodiversité, en veulent toujours plus y compris le superflu et continuent à se multiplier.... Et On voudrait refuser à quelques centaines de loups d'exister alors qu'ils devraient être des milliers. Cherchez l'erreur!
C'est bien un amoureux du Ouessant qui tient ces propos. Etre passionné par ce mouton, proie potentielle du loup comme tout animal domestique, ne m'autorise pas à ne pas demeurer lucide et honnête. Pour moi la raison doit toujours primer sur le mimétisme culturel ou les intérêts personnels. A ceux qui croiraient voir en moi un passionné du loup, ils se trompent. Ce carnivore n'est qu'un prédateur parmi d'autres... !