Depuis la mi-septembre, les béliers sont donc séparés des brebis, pour éviter des accouplements trop précoces ainsi que de futures naissances sans paternité reconnue. Cependant, je leur rends visite matin et soir pour m'assurer que tout va bien pour eux et, en particulier, vérifier qu'aucun n'est retenu prisonnier dans les pièges des ronces que je n'ai pas fini de contrôler sur leur parc.
19 h, le club des quinze s'est regroupé de lui-même, comme à son habitude vers cette heure.
Contents de me voir, aussitôt, les adultes prennent le devant pour venir profiter de ma présence.
Plus on est prêt, plus on est bien et c'est à qui pourra se coller à moi... Quels pots de colle ces pèpères!
Les jeunes de l'année qui passent déjà la journée ensemble de leur côté ( "les jeunes avec les jeunes, les vieux avec les vieux" ) n'ont pas droit à leur part du berger et sont contraints d'épier la scène d'un peu plus loin.
Quant à moi, je contemple, j'observe, j'analyse l'un puis l'autre, je réfléchis à leur avenir et aux pierres qu'ils pourraient apporter à mon édifice, le troupeau...
Dans ces instants de plaisir réciproque, les minutes passent vite, trop vite.
Le cri vespéral, si particulier, du merle qui s'agite avant de se décider à s'établir en son dortoir me confirme que la nuit approche. Il est temps pour moi de rentrer, avec le regret de devoir rompre ces instants de plénitude. Heureusement, tout en étant un jour nouveau, demain saura renouveler la magie du futur rendez-vous avec mes gars.