La couleur brune (dite noisette) est la plus récessive. Ainsi on ne peut obtenir un mouton brun qu'à partir de parents de cette couleur
(homozygotes) ou porteurs du gène (hétérozygotes) mais de toison d'une autre coloration apparente.
Il ne semble pas que cette couleur brune soit encore réapparue dans la population souche de la renaissance du Ouessant. Une pression sélective pour la couleur
noire a sans doute éliminé ce morphe brun, mais on peut espérer qu'il demeure peut être en dormance lointaine dans les patrimoines génétiques et il n'est pas exclu qu'il
revienne au jour par atavisme.
On rencontre pourtant cette couleur assez fréquemment dans la population Ouessant des groupements étrangers. Cependant faute de références précises (à ma
connaissance) il semble très probable qu'une intrusion de gènes suite à un métissage soit à l'origine de cette apparition. Shetland ou autre race a probablement laissé un peu de son histoire
dans ces Ouessant d'autant que d'autres caractères, morphologiques cette fois, y sont notables. Ce à quoi, assez souvent, sur ce point du physique, n'ont pas échappé les autres morphes
colorés étrangers (noir comme blanc).
Dans mon attachement à conserver pour les générations à venir toute l'histoire (insulaire et continentale depuis plus d'un siècle) du type Ouessant ancien, une
partie du travail d'élevage chez les Lutins s'oriente dans la direction du brun.
Mais tout aussi attaché à travailler les souches pionnières du Ouessant des années 1970 ayant servi à la renaissance de ce type ancien et devant à mon sens servir
de référence (bien que sans doute incomplète), il m'importe d'élever des animaux bruns correspondant à ce profil.
C'est là que débute un travail de longue haleine.
Régulièrement, les particuliers, d'autres éleveurs (y compris étrangers) et parfois les instances du Ouessant, me contactent pour obtenir de tels animaux. Je
suis contraint d'expliquer que pour moi une séparation de Ouessant bruns issus de mon troupeau demeure plus qu'exceptionnelle puisque je ne peux à ce jour me séparer de briques qui me permettent
de construire l'avenir.
Petite explication en images.
Ma toute première brebis brune, issue de plusieurs générations de moutons d'Ouessant noirs (mais forcément hétérozygotes) à composante bretonne mais
avec de lointains ancêtres de souche hollandaise. Certains traits physiques trahissent d'ailleurs cette dernière remarque.
Cette brebis m'a servi depuis 2003 à introduire le gène brun dans des accouplements avec Lutins de souches pionnières du Ouessant.
Une brebis de souche hollandaise, utilisée sur le même principe. (Pour les spécialistes, elle est de plus hétérozygote pour le gène agouti gris.)
Une brebis de souche belge mais de lignées hollandaises. Utilisée sur le même principe. Intéressante pour sa couleur brune soutenue (ce qu'indiquent la face
et les pattes).
Des années de subtils accouplements pour faire naître cette brebis brune, en concentrant toujours par principe les gènes des souches pionnières (tout en
réduisant la taille, autre difficulté).
Tout comme celle-ci sur le même principe de longue construction.
Une jeune brebis encore plus Lutins et de plus en plus en souche pionnière, ce que les regards exercés ne manqueront pas de remarquer en observant le
physique de ce bijou.
Pour donner un coup de pouce, un bélier brun d'un élevage français mais de souche hollandaise. Animal utilisé seulement sur des souches pionnières.
Un de ses fils, diminué en taille, présentant encore des traits non caractéristiques des Lutins
Un jeune bélier encore un peu plus concentré en gènes des souches pionnières (les habitués l'auront remarqué).
(Merci à Diane la filandière pour la photo de ce Lutin exilé. Site de Diane en lien link)
Nous sommes en 2012, bientôt 9 ans de construction du brun chez les Lutins. On mesure toute la patience et la difficulté à atteindre ses buts quand on garde à
l'esprit de vouloir créer et travailler vers les souches pionnières du Ouessant et donc sans accoupler d'animaux bruns qui ne soient pas d'origine Lutins.
2012 sera une saison d'agnelage non orientée sur le morphe brun (mais une surprise reste toujours possible de par un génotype complet encore inconnu chez
un animal).
Cependant les choses mûrissent pendant ce temps et si tout va bien, je sais que 2013 devrait être l'année de quelques Lutins bruns comme je cherche à en
obtenir.
Car non seulement les animaux bruns sont importants dans ce genre de travail mais souvent plus encore mes moutons d'une autre couleur mais portant le gène brun
caché. Ce sera l'occasion d'une autre présentation pour les éleveurs qui voudraient eux-aussi travailler dans ce sens et sachant être patients.