Trop fantastique pour finalement ne plus résister au désir de partage...
Tout se passe bien chez les Lutins, malgré l'arrêt de publications sur le blog et un confinement sanitaire qui ne change en rien la vie quotidienne sur les prés. La nouvelle saison d'agnelage suit son cours.
Elle a débuté le 30 mars dernier. Il y a un mois donc à présent. C'est Corona, une jolie petite agnelle qui a ouvert le bal.
Je ne sais à quoi tient la situation inédite autour de cette petite que je vais décrire...
Au premier plan, les trois "mères" (la vraie à droite) et Corona, en première semaine.
Cette naissance fut tout à fait ordinaire dans son déroulement. Puis, comme souvent, le duo mère-fille passa la première journée à se reposer.
C'est seulement le lendemain que je remarquai à proximité la présence permanente de Ribambelle, brebis "à la retraite" donc plus autorisée à se reproduire.
Les jours suivants, le phénomène persistait et même se renforçait, cette tante ou marraine, comme on voudra, adoptant de plus en plus attitude maternelle au point de s'inquiéter lorsque la petite disparaissait de sa vue ou allant jusqu'à la lécher.
Voilà qui était étonnant et représentait déjà une première chez les Lutins, en 24 ans d'élevage et des centaines de naissances obtenues. Mais ce n'était que le début d'un phénomène encore plus étrange ...
Au bout d'une semaine environ, je remarquai qu'une autre brebis, Estive, avait adopté la même attitude. Celle-ci étant normalement gestante, je pensais que ce comportement serait éphémère. Je me trompais car finalement non fécondée, Estive venait de transformer la paire de "mères" en trio durable ...
La situation est cocasse et d'un point de vue éthologique riche d'observations.
Qui ne connaitrait pas la réalité aurait bien du mal à l'imaginer. D'abord les "mères" s'entendent à merveille, chacune ayant un comportement de vraie mère sur toute la ligne. Angoisses et appels quand Corona disparait. Attitudes de reniflement quand elles la retrouvent. Repos contre ou à proximité de l'agnelle.
Le plus fort dans tout cela, c'est qu'il en découle un certain bénéfice pour Corona et sa mère.
Corona se blottit contre l'une ou l'autre des brebis du trio, sans distinction, tendant même à délaisser sa mère biologique pour Ribambelle en particulier. De plus, elle s'autorise également à téter à l'occasion, juste pour se rassurer ou par mégarde, les mères adoptives qui se laissent faire bien qu'elles n'aient pas de lait.
Spirule, la véritable mère, s'en trouve plus détendue de par cette maternité partagée du point de vue des responsabilités. Moins de tracas, plus de temps pour elle.
Depuis un mois, ce trio insolite et la petite boule satellite qui gravite autour n'en finissent pas de m'interloquer (d'autres photos plus explicites à l'occasion viendront) et de me faire sourire intérieurement.
Bien des morales pourraient être tirées de cette histoire: "Quand il y en a pour une, il y en a pour trois", "Pourquoi se quereller quand on peut s'entraider" ...
Bien encadrée par ses trois "mères" la Corona...
Dans toute cela, Corona demeure toute mignonne, sans l'ombre un seul instant d'un quelconque défaut d'agnelle (trop) gâtée...
La regardant, plaisantant face à moi-même, je me dis qu'elle est effectivement vraiment très belle pour susciter autant d'intérêt et de passion.
Quand on sait à quel point les femelles refoulent (sauf très rares exceptions) les petits qui ne sont pas les leurs, ou comme une mère peut être irritable quand une autre s'approche trop de sa sphère d'intimité, il est étonnant que non pas une déjà mais deux femelles en mal d'agneau forment équipe autour de Spirule et sa petite, dans une parfaite entente.
Avec sa vraie mère, Spirule
Voilà entre autres choses, le type de petites et grandes histoires qu'il m'avait semblé intéressant de partager sur le Ouessant en créant ce blog.
Cet article n'est pas pour autant la résurrection du blog/journal des Lutins. Juste une parenthèse (on dira spéciale en ce confinement, à l'attention des lecteurs toujours plus nombreux) qui méritait vraiment d'être ouverte.