Devant un certain flou que je perçois dans la représentation de chacun (nouvel éleveur comme plus confirmé) en ce qui concerne le cornage chez le bélier Ouessant, mon regard autant de naturaliste
que d'éleveur m'a amené à cette réflexion et ce petit travail pour dégrossir une certaine problèmatique.
Le standard du GEMO définit un certain nombre de critères avec un objectif de sélection vers les animaux à cornage de type mouflon pour le mâle. Au delà des mots, il me semble donc important de se
demander comment est le cornage chez le mouflon.
Premier problème, il existe différents mouflons répartis à travers le monde. Il est donc alors logique d'observer celui qui est reconnu comme étant l'ancêtre du mouton en général.
Si les scientifiques semblent reconnaître le Mouflon rouge d'Asie mineure comme le plus probable ancêtre, les choses se compliquent un peu puisque certains avancent également le rôle du Mouflon
Urial ainsi que celui du Mouflon Argali dans la "construction" du mouton... Après mon regard porté sur ces trois mouflons, je note certaines différences mais un nombre limité de clichés peut
donner une fausse idée de la réalité pour un ensemble de populations.
Quand ensuite pour nous, Européens de l'Ouest, on parle de mouflon, on pense inévitablement au Mouflon dit d'Europe. Nouveau problème, ce dernier est un animal introduit sur le continent
(dont différentes régions naturelles de France) dans des buts souvent cynégétiques, à partir des troupeaux de Corse (ou de Sardaigne) . Ce Mouflon d'Europe est en fait le Mouflon de
Corse. Et là où cela se complique un peu plus, ce Mouflon de Corse est reconnu comme étant issu du marronnage d'un mouton primitif des débuts de la domestication (peut-être du néolithique); c'est à
dire un "mouton ou mouflon domestique" retourné à l'état sauvage à partir d'animaux échappés ou abandonnés par de premiers éleveurs de l'île.
Contrairement au mouton de Soay lui aussi mouton primitif relique (avec sans doute une histoire similaire) retrouvé sur l'île du même nom au large de l'Ecosse et qui présente des sujets
plus ou moins poilus ou laineux , le Mouflon de Corse ne présente aucune mutation de la longueur de la bourre, bourre se trouvant en couche protectrice sous le poil et qui va par la suite par
sa taille devenue "monstrueuse" donner ce que nous appelons laine chez le mouton moderne.
De là, j'ai voulu donc faire une sorte de petite synthèse sur le cornage du mouton d'Ouessant comparativement au mouflon le plus proche de nous, le Mouflon cyrno-sarde dit de Corse (mais aussi
de Sardaigne). On notera au passage que ces deux populations insulaires ont évolué différemment au moins sur un point facilement observable, c'est que les femelles sardes n'ont pas de cornes alors
que celles de Corse sont pour plus de moitié cornues. Espèce gibier, la sélection de tir sur les mâles a sans doute une certaine influence sur le type de cornages rencontrés (comme pour
les autres mouflons à travers le monde) et enfin en Europe certains croisements avec des moutons pour augmenter la prolificité sont à regretter.
Je me suis donc basé sur ce qu'est un cornage type du Mouflon de Corse mais en Corse et ai ensuite appliqué au Mouton d'Ouessant une sorte de classification telle qu'elle a pu être faite dans
des milieux naturalistes pour le mouflon chez qui des variantes de cornages sont également observées.

D'abord, j'ai réalisé ces quelques croquis à partir de publications photographiques, afin de ne voler de clichés à personne. Si d'ailleurs vous êtes possesseur de prises de vues de Mouflons de
Corse prises sur l'île sur des animaux libres, je suis intéressé par votre don gracieux pour mieux alimenter cette réflexion (appel est donc lancé).
De face, un cornage dit neutre (ne présentant donc pas de particularité notable pour l'espèce) n'ayant pas atteint une pousse maximale.
En bas de profil, un cornage dit neutre sur un vieux mâle. On note alors la remontée de la pointe vers le niveau de l'oeil.
Au milieu, deux desssins de jeunes mâles au cornage toujours dit neutre dans deux phases de construction.

Dans des proportions de taille et d'ampleur bien moindres,
voici un cornage chez le Ouessant qui pourrait se rapprocher de la classe cornage neutre.

Ci-dessus,un cornage chez un jeune bélier qui entre dans un type dit
convergent. Pour comprendre, il faut observer une courbure qui amène les pointes dirigées vers le garrot. Ce qui va s'accentuer avec l'âge.

Un cornage cette fois
classé dans le type divergent, c'est à dire que les pointes vont pousser vers l'extérieur ( et non pas vers le dos de l'animal comme dans le type convergent).

Cornage de type divergent accentué.

Enfin dans le type toujours divergent
mais extrême, un sujet divergent à double spirale.
Pour finir cette première partie de réflexion, il s'avère en relisant le standard défini pour le Mouton d'Ouessant que celui-ci ne correspond pas au type de cornage dit neutre comme
on pourrait s'y attendre mais plus à un intermédiaire entre ce type neutre et un type légèrement divergent.