Il y a parfois confusions sur ce terme concernant l'origine d'un Ouessant.
L'origine véritable doit revenir au naisseur, c'est à dire l'élevage où il est né et non au propriétaire précédent avant qu'il soit introduit en son propre élevage.
En effet, certains animaux peuvent passer entre les mains de cinq ou six propriétaires au cours de leur vie (voire plus), en particulier pour les béliers. S'il n'y a pas de suivi précis de toutes ces étapes, pas de connaissance précise de l'histoire de l'animal, on s'y perd et parfois il y a conclusions hâtives loin de la réalité.
Bélier Ouessant affiché parfois à tort par certains comme d'origine Lutins, alors qu'acheté à une éleveuse du Cher qui l'a fait naître à partir de parents qu'elle disait allemands mais en fait nés aux Pays Bas. Ce bélier a connu deux propriétaires ensuite après moi.
On pourrait penser que, théoriquement, lorsque les animaux portent une identité (ce qui concerne par ailleurs assez peu de Ouessant), on peut s'y référer et retrouver avec précision le naisseur. Théoriquement oui, on dira le plus souvent, mais il ne faut pas exclure manipulations toujours possibles à ce sujet pour une raison ou une autre, n'allant pas forcément dans le sens d'une quelconque tricherie.
A titre d'exemple, lors du passage obligatoire à l'identification électronique de mon troupeau, normalement la législation prévoyait que ces boucles électroniques reprennent pour chaque animal sa numérotation précédente. Mon administration ne s'est pas ennuyée et pour simplifier m'a demandé de reboucler tout le monde avec la nouvelle numérotation électronique fournie. Tous les Lutins du moment se sont donc retrouvés entamer administrativement une seconde vie avec une nouvelle identité, faisant évaporer toute la traçabilité antérieure. Tout cela m'a bien fait sourire, puisque dans le même temps on nous demande rigueur à notre niveau pour cette fameuse traçabilité. Dans cette opération, il n'y a pas eu rigueur de l'administration qui ne montrait pas l'exemple, c'est le moins qu'on puisse dire. Bref la rigueur semble être à géométrie variable selon les besoins de ceux qui nous l'imposent.
Prunelle des Lutins, née sous le matricule 150 022 90012, par un coup de baguette magique administrative, est à présent identifiée sous 227484 61041 ...
Pour revenir à l'origine d'un animal...
L'identité faisant référence au naisseur, il ne faut pas forcément conclure pour autant que l'animal né chez tel éleveur correspond au fruit de son travail, à sa souche. En effet l'animal en question peut correspondre à une naissance chez l'éleveur obtenue à partir d'une brebis extérieure introduite gestante en son élevage. Dans ce cas, l'origine papier ou boucle ne correspond donc pas pour autant à l'origine troupeau réelle. Que penser également de la naissance obtenue chez un éleveur à partir de deux parents extérieurs introduits en son élevage? Sur le papier, sur la boucle, l'origine numérotation ne correspond pas alors à l'origine "sang" réelle...
On comprend ainsi que derrière le mot origine comme celui de naisseur, il y a quelques subtilités à considérer pour rétablir une certaine vérité, en ne confondant pas origine "naisseur" et origine "sang" qui ne se superposent pas de façon systématique.
Jeune bélier né chez les Lutins, j'en deviens le naisseur, éleveur d'origine. Pourtant cet animal était né de deux parents non Lutins introduits dans mon troupeau.
Souvent, dans l'élevage, associé à cette aventure humaine, le Ouessant se trouve porter un nom. C'est plus sympathique et plus facile de désigner l'animal ainsi que par son numéro. Cela tout autant pour soi que lorsqu'on parle entre éleveurs pour désigner un Ouessant précis.
Mais, là encore, attention! Il convient de rajouter l'affixe de l'élevage pour être précis, comme Vienetta des Lutins par exemple. En effet, depuis ma Vienetta et bien d'autres, de nombreux animaux ont été baptisés ainsi en d'autres élevages. De la même façon qu'il m'est arrivé de donner un nom à une de mes naissances et m'apercevoir par la suite qu'un autre Ouessant avait été baptisé à l'identique, en un autre élevage, avant que je le fasse pour le mien.
L'idéal semblerait donc d'apporter le plus de précisions possibles pour identifier un mouton d'Ouessant. Par sa numérotation de naissance et son nom d'usage associé.
Pour aller plus loin, il est intéressant et plus rigoureux encore d'identifier en plus un Ouessant par sa généalogie. Ce qui va exclure les confusions.
Le plus important est de se référer aux parents et grands parents, mais pouvoir aller plus loin est intéressant, permettant d'en savoir toujours plus et découvrir les parentés éventuelles, même lointaines, avec d'autres animaux connus ou possédés.
Depuis 25 ans d'élevage, les Ouessant des Lutins actuels possèdent, dans les deux branches parentales, généalogies parmi les plus longues, d'autant que pour certains branches il est possible de remonter bien au-delà grâce à de rares éleveurs d'alors qui ne laissaient pas leurs animaux s'accoupler au hasard.
Tout cela ne demande pas un réel effort pour l'éleveur quand il est ne serait-ce qu'un minimum intéressé, même sans être forcément passionné. Par contre cela exige de la rigueur car il est vite arrivé de construire en fait du faux sur du affiché vrai.
Il importe que l'éleveur soit en mesure d'attribuer la bonne maternité et la bonne paternité pour chaque naissance et qu'il puisse continuer à identifier chacune durant sa croissance jusqu'à la fameuse identification auriculaire électronique (et obligatoire). Face à un trop grand nombre de petits ou faute de capacités d'observation fiables, certains éleveurs mettent aux agneaux boucles provisoires ou colliers.
Agnelle blanche qui, avec une autre noire, fait exemple d'un cas de permutation d'agneaux à la naissance, les mères ayant agnelé proches l'une de l'autre dans le même temps. Dans ce cas, la supercherie put être décelée grâce à la coloration et les lois de la génétique en rapport aux reproducteurs. L'ordre fut rétabli pat le berger, mais combien d'autres cas passent inaperçus quand rien ne permet de suspecter l'erreur?
Cependant, même avec toutes ces attentions, certains éleveurs n'ont pas forcément découvert les permutations d'agneaux toujours possibles entre deux brebis mettant bas l'une près de l'autre au même moment ... ou n'ont pas noté ou ont oublié d'en tenir compte, la visite surprise d'un bélier du voisin ou de chez soi ayant sauté la clôture pour visiter les brebis.
Bien évidemment, on ne peut certifier la généalogie paternelle d'un jeune que si un seul et unique bélier a pu s'accoupler aux femelles durant la lutte précédente. Lorsque plusieurs béliers étaient présents, même de cinq ou six mois, il est impossible de savoir qui a pu féconder (sauf particularités comme la coloration, liées aux règles de la génétique).
Perspicace, j'avais pu établir qu'un des ancêtres de ce bélier n'était pas indiqué comme étant issu du bon élevage, sans quoi l'erreur aurait perduré dans les généalogies l'incluant.
On comprend aisément que, malgré rigueur, et plus encore sans, une erreur (sans oublier également étourderie d'écriture) a pu se glisser à un moment ou un autre dans le plus long, dense et bel arbre généalogique d'un Ouessant et que sa réalité n'est parfois pas totalement celle qui peut être affichée, même sans intention de malhonnêteté. Il y a donc certaines limites à prétendre connaître origines précises à un certain niveau, mais toute généalogie demeure mieux que rien comme c'est le cas pour la plupart des Ouessant qui existent .
Brebis dont un des ancêtres ne pouvait pas être le bon, question de génétique, et qui logiquement devait céder la place à son fils.
Cela me fait penser au phénomène autour de la généalogie humaine qui certes me fait également rêver et qui transporte dans l'histoire, mais je n'y prête pas trop d'intérêt tant on serait surpris de savoir tous les béliers voisins qui ont sauté la clôture à un moment ou un autre ...