Pour prolonger la réflexion sur le document précédent Ouessant de zoo (1) ,
voici quelques données collectées par le même collègue découvreur et éleveur passionné que je remercie vivement. Ce qui va nous permettre d'en savoir un peu plus.
Les placards du Muséum furent ouverts pour lui. Il put prendre ces clichés et établir le tableau qui suivra à propos de quelques specimens de moutons étiquetés
Ouessant et de leurs restes conservés.
En toute logique, ces animaux sont les descendants de ceux présentés sur le cliché ancien du précédent article. On peut tout de même s'interroger sur le type
d'élevage mené au sein du Jardin des Plantes durant le 20ième siècle. La reproduction a-t-elle été menée avec uniquement les animaux de ce petit troupeau ou y a-t-il eu des apports
extérieurs, et dans ce cas lesquels?
Squelette du mâle étudié.
Vue rapprochée du crâne et du trophée.
C'est bien le cornage qui à ce niveau d'observation peut surtout amener aux quelques remarques suivantes.
Sa puissance, de par une épaisseur importante remarquable à sa base, s'en trouve amoindrie malgré tout par le fait que la corne s'enroule très vite sur elle-même.
Chose qui avait pu être déjà observée sur le mâle adulte de la carte postale ancienne. Ce qui semblerait correspondre effectivement à un caractère héréditaire dans ce troupeau, bien que beaucoup
d'autres observations de ses béliers seraient nécessaires pour prétendre l'affirmer
De nos jours, dans le standard actuel voulu pour le mouton d'Ouessant type ancien, ce type de cornage ne serait pas souhaitable puisque le rayon d'enroulement doit
être grand sans que la corne ne revienne sur elle-même si vite. Et puis par rapport à celui de l'ancêtre originel du mouton, le mouflon, ce type de cornage porte en lui le fruit de la
domestication et se présente comme aberrant.
Muséum d’Histoires Naturelles
Juillet 2009 – DLP
Tous les animaux sont originaires de la ménagerie (jardin des plantes)
année
|
sexe
|
couleur
|
age
|
Tête
|
Cornes
Diamètre
base
|
Longueur
queue
|
Fémur
3,53
|
Scapule
4,22
|
Radius
4,02
|
Hauteur garrot théorique
|
|
|
|
|
orbite
|
pommette
|
longueur
|
|
|
|
|
|
Fé
|
Sc
|
Ra
|
1911-44
|
F
|
noire
|
|
9.65
|
6.2
|
19.5
|
|
15
|
14.50
|
12.50
|
13.10
|
51.20
|
52.75
|
52.66
|
1921-02
|
F
|
noire
|
1
|
8.55
|
5.35
|
15.5
|
|
13
|
13.35
|
12.00
|
12.80
|
47.12
|
50.64
|
51.45
|
1930-159
|
M
|
noir
|
2/3
|
10.30
|
6.35
|
18.30
|
15
|
19
|
16.30
|
13.44
|
14.30
|
57.54
|
56.71
|
57.48
|
1966-51
|
F
|
noire
|
11
|
Pas de tête
|
|
|
13.70
|
12.82
|
12.45
|
48.36
|
51.48
|
50.05
|
Dans ce tableau sont réunis divers renseignements et les différentes mesures prises sur quatre Ouessant dont les restes sont conservés. Trois femelles
et le mâle en question en photos ci-dessus.
Il est d'abord intéressant de noter que ces sujets datent de plusieurs périodes: 1911, 1921, 1930, 1966.
N'ayant pas pu réduire davantage ce tableau, je dois préciser que les trois dernières colonnes (qui n'apparaissent pas) exposent une hauteur théorique au garrot
selon les mesures des trois os juste avant (fémur, scapule, radius).
Je me suis "amusé" à calculer la moyenne obtenue d'après ces trois hauteurs théoriques non affichées. Voilà ce qu'on obtient.
La brebis de 1911 aurait donc une hauteur moyenne au garrot de 52,2 cm (âge inconnu).
La brebis de 1921 aurait donc une hauteur moyenne au garrot de 49,7 cm (on notera qu'elle n'avait qu'un an et était donc appelée à encore grandir).
"Notre" fameux bélier de 1930 aurait donc une hauteur moyenne au garrot de 57,2 cm (vers deux ou trois ans donc presque adulte ou adulte). Effectivement le cornage
ne permet pa de définir l'âge réel puisqu'il manque une patie de la substance cornée à la base. D'après les étapes de croissance décelables sur la corne on voit malgré tout que ce mâle avait au
moins trois printemps. Ce qui correspond bien à l'âge approximatif avancé.
La brebis de 1966 aurait donc une hauteur moyenne théorique de 49,96 cm (à onze ans).
Ces précieux renseignements ne font que confirmer l'impression qui était la bonne en découvrant le petit groupe de Ouessant du Jardin des Plantes sur la
carte postale ancienne...Ces Ouessant sont de bien grande taille avec des brebis de 50 cm et plus, et des béliers (d'après ces mesures et ce qu'on voit sur le cliché) jusqu'à (au moins?) 57
cm au garrot.
Où sont les petits moutons d'Ouessant qu'on aurait pu s'attendre à voir? D'où venaient réellement ces Ouessant exposés et élevés à Paris?
Cet exemple rejoint tout à fait la problèmatique Ouessant que j'expose régulièrement avec acharnement. On voit qu'il y a cent ans déjà, le Ouessant n'était
parfois pas ou plus ce qu'on pouvait en attendre. Un siècle après se pose toujours, et à fortiori encore plus, la question de connaître véritablement le parcours continental et
l'origine des ancêtres des Ouessant que nous élevons pour pouvoir estimer la part réelle (au sens patrimoine génétique) du Ouessant qu'ils transportent en eux et pas seulement les
ressemblances observées. Un réel souci conservatoire passe inévitablement par toutes ces interrogations...