Décembre est là et l'hiver approche. L'herbe est devenue rare dans certains enclos d'accouplement maintenant surpâturés.
Souhaitant limiter mes corvées d'affouragement pour les trois semaines encore de reproduction programmée, je viens de regrouper mes reproductrices sur un vaste ensemble de parcelles réunies. Depuis le 15 octobre, les différents lots avec leur bélier sélectionné ont, j'espère, réglé leurs affaires au maximum pour donner des naissances futures.
Seul le "groupe Caramel" qui dispose encore de beaucoup d'herbe et d'une balle de foin demeure sur son enclos initial.
Ainsi, eut lieu hier une sorte d'inauguration de la prairie de la colline dont le berger dispose à présent depuis ce printemps.
Ce sont donc deux douzaines de reproductrices qui vont pouvoir profiter des lieux jusqu'en janvier.
Cette pâture n'avait jusque là accueilli comme Lutins qu'une poignée de brebis accompagnée d'un mâle depuis huit semaines.
Cependant, afin de prévoir le fait que quelques brebis risquent de ne pas avoir été encore fécondées, il me fallut choisir un bélier pour tenir compagnie à toute cette troupe et répondre aux chaleurs toujours possibles.
C'est le jeune Dior, déjà l'élu d'un groupe de femelles durant ces semaines passées, qui va oeuvrer si besoin est.
Le choix du bélier n'est pas un hasard mais le fruit d'une réflexion tenant compte de son génotype, son phénotype, des souches et lignées dont il est issu, la perspective de non consanguinité selon la composante des femelles... et tout simplement parce que ce jeune me séduit assez et me semble prometteur dans mes objectifs de travail.
Bien évidemment, dans des soucis de paternité et de généalogie, la date de ce regroupement est précieusement notée dans le cahier d'élevage, véritable banque de données.
Voilà une situation que beaucoup de béliers envieraient, au milieu de vingt-quatre brebis...
Sous le sommet de la colline se trouve un socle rocheux, ridicule vestige d'un des éléments de la frange nord de la très vieille montagne limousine.
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L'herbe n'y est pas très abondante, mais, fine et neuve après la canicule d'août suivie des pluies d'automne, elle constitue un délice pour les Ouessant.
Ailleurs sur cette colline, c'est encore la profusion pour la saison.
Je n'ai pas encore eu le temps de gérer le problème des rejets des épines noires qui accrochent la laine et peuvent piéger un Ouessant, mais le fait que ce sont des adultes et non des jeunes limite un peu le risque et l'oeil attentif du berger fera le reste au quotidien en attendant que ce dernier use d'huile de coude.
Même souci avec les ronces. La quantité d'herbe encore disponible devrait éviter que les moutons se hasardent trop entre les bras piègeurs, mais il me faudra pourtant remettre la prairie en état au plus vite, prévenir valant mieux que guérir (et même "pleurer").
La pente de cette parcelle est un plus pour les prises de vues et aux beaux jours cela promet de belles images à vivre et à capturer.
Même sous un ciel bien triste, l'ambiance envoûtante du troupeau est au rendez-vous.
Le petit côté "sauvage" du lieu ou du moins le style d'une campagne d'antan trop souvent disparue de nos jours est un plus qui n'est pas pour me déplaire.
Une chose dont je suis certain, c'est que le bonheur est bien dans le pré si l'on veut bien l'y voir.