Les journées s'écoulent au rythme du troupeau. Méthode d'élevage, composition du domaine et situation du moment amènent à des rituels incontournables mais bien
agréables.
Pourquoi cette journée? Parce que c'est la dernière où tout le monde est réuni. A partir de demain, tous les garçons seront amenés à vivre une vie casanière pour
six mois car devant être séparés des filles, afin de ne pas les féconder (tout de suite) à l'approche de leurs cycles de chaleurs automnales.
Neuf heures. Les Ouessant ont eu le temps de se chauffer, couchés comme à l'ordinaire au soleil levant. Pas vraiment réveillés, ils daignent se mettre en
mouvement, conscients de la suite pour cette journée.
Le temps d'appeler les louves à la rescousse (il y a toujours le retardataire ou la brebis qui cherche son agneau où il ne faut pas) et la troupe est bien encadrée.
"Grandes oreilles" toujours de la partie.
Plus question de revenir en arrière...
Gribouille, le géant, bloque également les arrières.
L'autre louve débloque un peu la sortie pour que son berger y accède. Mais tout le monde se connaît et il en faut plus pour impressionner un Lutin.
C'est parti pour la montée à travers bois. Un peu de panique à l'arrière pour ceux qui croyaient pouvoir aller sur une autre prairie que celle prévue.
"A soixante mètres, tournez à droite".
"Tournez à droite".
Gribouille, décontenancé, hésite car croyait également que nous irions plus haut encore à travers bois.
Finalement, se retrouver là, les sabots dans la rosée et aux premiers rayons de soleil encore tièdes, n'est pas si mal que cela et augure d'une belle
journée.
Tess, essoufflée, me jette un dernier regard pour savoir s'il y a encore du boulot, à moins que ce soit l'attente de la caresse verbale de circonstance suivie
du signal de cessation de travail.
Communion et fusion dans un simple regard, magie du chien, magie du Border collie...
Comme c'est fini, on peut se soulager puisque dans l'action on n'en avait pas pris le temps; le travail d'abord.
Gribouille ne manque pas de faire la même chose exactement au même endroit. Histoire d'avoir le dernier mot et montrer ainsi qu'il considère être de la
classe de ceux qui dominent et non de la sous-classe des moutons.
Durant ce temps, Perle, "la grande folle" laisse exploser son bonheur d'être en se roulant dans l'herbe gorgée des autres perles, de rosée celles-là.
Au retour, après le travail, un petit verre cela fait du bien.
Un blog a toujours un côté nombriliste, mais au-delà de cette impression je sais que chaque jour certains visiteurs du net guettent un aticle, un peu comme on a
hâte d'ouvrir le jounal du lendemain ou reprendre son livre à la page où on l'avait laissé.
Et puis savoir qu'on apporte un peu dans le quotidien de l'un ou l'autre et que le plaisir de partager est au niveau de celui de découvrir, cela incite à
dévoiler un peu de sa vie. J'ai un réel plaisir à visiter les blogs qui me sont chers et les rencontres que j'ai pu faire dans l'univers du mouton ne peuvent que m'inciter à
poursuivre.
Enfin pour les connaissances et les miens qui sont loin, c'est un moyen de donner des nouvelles. C'est beau (parfois) le modernisme!