Les mâles étant encore séparés des brebis jusqu' au mois prochain, il était évident que je leur rende visite également à leur tour, après un mois de vie de berger contrariée.
Tout va bien pour les 18 béliers de la banque génétique mâle du moment. Aucun gros souci et surtout aucune perte.
Tous viennent d'être vermifugés, comme chaque année en cette période de fin d'hiver. C'est ce qui me chagrinait de ne pouvoir faire en étant diminué dernièrement, mais voilà qui est fait.
Reste à pratiquer la première taille des onglons dès que possible, d'ici fin mars, pour être dans les temps en rapport au second parage dans six mois, en début d'automne.
Même Golas, le doyen du moment, est en forme. Il faut dire qu'il n'a que huit ans. Par contre, je note ses premières pelotes ligneuses de réjection indiquant une usure des dents installée.
Petit souci pour Thalès tout de même qui a trouvé moyen de casser son affreuse corne gauche, il vrai déjà bien malmenée ces dernières années. Rien de grave pour autant si la cicatrisation du corps osseux se fait correctement... et cela n'empêche pas de vivre.
Comme on le voit, mon chouchou de Hobbit ne s'est pas montré très sage non plus lors de ses retrouvailles avec les gars, après quelques mois de séparation pour procréer en un autre enclos. Si les années suivantes, il s'avérait s'obstiner à creuser son point faible en sa corne entamée à la racine, il pourrait lui arriver le même tour qu'à son copain Thalès. Tous deux sont pourtant les plus petits du groupe, preuve que la témérité n'est pas proportionnelle à la taille du Ouessant.... A moins que ce ne soit justement conséquence d'un vieux complexe qui les travaille!
Les jeunes du printemps dernier ont maintenant 10/11 mois. Bientôt la barre d'un an franchie, ce qui les fera basculer dans la classe dite des "antenais" (antenaises pour les jeunes brebis).
Il m'est intéressant de noter le rôle moteur de ces jeunes auprès des anciens mâles dans certaines pratiques.
Ainsi, chez ces "vieux", l'utilisation des nouvelles mares sur leur parc pour s'abreuver n'était pas une évidence. Je me suis vu cet automne devoir apporter seau d'eau à la troupe mâle pour que les anciens s'abreuvent. Ils se déshydrataient dangereusement alors que l'eau leur était disponible en un lieu et sous une forme inhabituelle pour eux. Ce n'était simplement pas dans leur "culture". Le poids du blocage causé par la peur face à la nouveauté!
Etonnant de voir, comme chez les humains, que mœurs et coutumes (en excluant croyances dans cette situation uniquement ovine) bien ancrées peuvent détourner parfois un cerveau de l'évidence, de la réalité et d'une solution aux enjeux pourtant vitaux.
Heureusement, comme on l'observe sur le cliché ci-dessus, la bande des jeunes n'hésite pas à boire dans les mares. Ce qu'ils firent dès leur plus jeune âge.
Je compte donc sur cette nouvelle génération pour impulser nouvelle habitude et nouvelle aptitude d'abord, auprès des adultes mâles en ces lieux. Je viens de supprimer le seau, l'herbe étant bien humide; il faudra bien aux anciens prendre exemple sur la jeunesse.
Sur l'image, la "brochette d'agneaux" s'abreuve en chœur, sous le regard perplexe d'un adulte blanc derrière eux. Quand les anciens franchiront-ils le pas?
Voilà quelques lignes que j'aurais pu écrire en la catégorie "éthologie", cette situation pouvant à elle seule constituer un article. Mais bon, c'est fait.
Il est évident que je suis curieux d'observer la suite des événements, impatient de voir enfin mon premier mâle adulte boire en ces nouvelles mares, puis le réflexe s'installer pour tous.
Utilisation des nouvelles mares ou utilisation des nouvelles technologies, un même souci de générations?
Malgré cela, le bonheur est bien également présent dans le pré des béliers!