Sous l'impulsion du GEMO, le mouton d'Ouessant
de type ancien renaît de ses cendres il y a une trentaine d'années. L'engouement qui suit alors pour cette race tout nouvellement définie aboutit en seulement ces trois décennies à voir se
constituer en Europe deux populations principales ayant comparativement quelques divergences.
D'abord se dessine le cheptel français avec une nette tendance de localisation dans le Grand Ouest et alentours, fief de la race. Initialement composée d'animaux noirs, quelques blancs et de très
rares gris, cette population fut également source du groupement d'éleveurs qui s'est constitué aux Pays Bas.
Ensuite de ce second cheptel hollandais, le mouton d'Ouessant ancien va évoluer également, par choix de ces éleveurs, vers des animaux dits noisette non présents dans les souches bretonnes
retrouvées initialement sur le continent mais qui pouvaient exister sur l'île à une certaine époque. Résurgence de cette variété de toison ou résultat d'un croisement accidentel
ou réfléchi orchestré, toujours est-il que cette variété noisette largement élevée est devenue conséquente en nombre et a gagné progressivement la France, après s'être largement
répandue en Allemagne, Belgique,... ayant su séduire de plus en plus d'éleveurs. Depuis, d'autres variétés de couleurs de toison sont apparues dans ces derniers pays limitrophes de
l'Hexagone sans qu'une explication réelle ne soit véritablement donnée. On parle d'influence du Romanov, mais la taille, l'absence de cornes ou encore la très grande prolificité auraient pu
avoir des conséquences plus évidentes. Mon regard qui n'est que personnel (et qui n'apporte que quelques hypothèses) y voit peut-être plus des influences comme le Soay, le Shetland, le
Skudde ou encore le Heidschnucke... qui comme par hasard sont des races primitives de tailles peu importantes. De là, on peut imaginer des croisements (même si des mutations restent possibles,
mais en si grand nombre?), certains éleveurs peu avertis ne faisant pas toujours la distinction. J'ai pu voir par exemple un site d'un particulier qui élève d'après lui des Ouessant mais dans le
troupeau duquel j'ai remarqué des Heidschnucke. Un autre qui présente ses brebis Ouessant de plus de 50 cm(!).... Confusions ou volontés de certains, les résultats sont là en offrant une grande
diversité de toisons dans cette seconde population de mouton d'Ouessant de type ancien dite de souche hollandaise. J'ouvre là un débat et si certains ont des informations plus précises que
mes suppositions, je suis fortement intéressé.
Pour finir, ces deux grands ensembles de population du Ouessant interfèrent et s'influencent en particulier dans les zones limitrophes et intermédiaires et un vaste brassage est en train de
s'opérer depuis pas mal d'années et s'accentue.
Après sa dispartion de l'île, puis sa résurrection sous une forme continentale française, on assiste à présent à une évolution du Ouessant vers une forme européenne....