Cet après-midi, Pica a donné Farine.
Premiers pas de cette agnelle. Enfin! Me voilà rassuré.
En effet sa naissance fut un épisode assez compliqué.
Vers 14 h 30, je découvrais cette brebis en contractions.
Je décidai de rester pour observer la naissance.
15 h, perte des "eaux". Une bonne chose, de là j'imaginais déjà la suite comme à l'habitude.
Mais quand partie de l'agnelle apparut, je remarquai que, si museau et tête étaient bien en place, aucune extrémité de patte avant ne se présentait.
A 16 h, la situation me semblant bloquée et me disant qu'il n'était peut-être pas nécessaire de laisser cette femelle dans la difficulté, je choisis d'intervenir. Mais impossible de faire progresser l'agnelle à chaque contraction, n'ayant comme prise que le cou bien fragile de la petite.
Finalement je ramenai la femelle vers la maison puisque j'avais besoin du gel pour tenter de réussir sortir sa fille (J'avais pu déterminer le sexe à l'absence de pivots sur le crâne).
Après un temps indéterminé, je réussis, mais comme je l'observais depuis un moment, l'agnelle s'avérait morte. Plus de respiration, plus de réactions, le regard vitreux...
Durant plusieurs minutes qui semblèrent bien longues, j'ai énergiquement balancé le petit corps en le tenant tête en bas par les postérieurs. J'ai entrecoupé ces séquences par des frictions tout aussi énergiques et du massage thoracique...
Et finalement comme par miracle, une suffocation et le corps qui se tend, puis une autre qui interrogent si ce ne sont des derniers spasmes. Encore du massage, accompagné instinctivement de paroles d'encouragement ... et encore et encore... et la respiration qui progressivement reprend, pour finir rapide, tonique, avec un petit cœur qui bat.
La mère dans tout cela est à mes côtés, "sonnée". Elle ne s'est pas encore relevée.
Je décide de lui laisser prendre le relais pour le séchage et pour que l'ordre des choses reprenne son cours.
J'abandonne le duo pour aller me laver et vérifier plus tard que tout va bien.
Mais à 17 h, Farine n'est toujours pas debout. Je tente de l'aider mais aucun tonus, surtout pour le postérieur. Je crains des séquelles de cet épisode inquiétant. Dans le même temps, je note que les membres sont mobiles et qu'elle arrive à les replier sous elle en position naturelle.
Puisqu' elle ne peut pas aller téter et qu'il est bon qu'elle le fasse au plus vite et reprenne des forces, je lui prépare 25 ml de colostrum reconstitué (une chose à toujours avoir chez soi en période d'agnelage, comme le gel de "vêlage"). Ce qui correspond exactement à la quantité qu'elle était en mesure de boire, ne rechignant pas sur le biberon proposé.
Je laisse tout le monde se reposer. Il n'y a d'ailleurs rien d'autre à faire dans l'immédiat.
A 18 h, je reviens voir mon équipe gagnante. Farine est toujours couchée. Je tente de la mettre sur ses pattes... et surprise, elle tient. Durant mon absence, elle a donc retrouvé toutes ses capacités. Il n'y a plus qu'à vérifier qu'elle saura téter correctement.
Une bonne nuit enfermée à l'abri avec sa mère et demain Farine gambadera à la découverte du monde, dans l'herbe verte, par une ambiance printanière.