Cet article fait suite au précédent Ouessant Velux .
Pour résumer, ce dernier faisait allusion au fait qu'à l'heure où le mouton d'Ouessant (allure ancienne) n'a jamais été
aussi abondant, non seulement depuis son retour dans les années 70 mais aussi comparativement au cheptel insulaire quand il existait encore, il est, malgré les apparences, le plus souvent
devenu difficile voire hasardeux de prétendre être véritablement devant un mouton d'Ouessant lorsqu'on rencontre le dit animal.
Les causes? Elles sont multiples. Les abus de langage, les origines inconnues, les métissages possibles, le manque de
rigueur donc, ... un succès incontestable de cet ovin auprès des particuliers et les dérives qui s'en suivent..., l'apparition des marchands de moutons d'Ouessant sans souci de démarche
conservatoire... mais aussi l'absence d'organisation globale d'un élevage structuré et suivi à partir des derniers animaux retrouvés sur le continent et sauvés d'extinction
( Cependant la découverte de troupes Ouessant descendant de souches plus ou moins originelles demeure encore possible ce qui rendrait ces moutons plus
qu'intéressants ).
Face à cela, une poignée d'éleveurs dont je suis, ont su à partir d'animaux souches labellisés Ouessant par le GEMO
(association dont le fondateur M. Abbé a retrouvé quelques petites troupes de ce mouton, grand merci à lui ) s'organiser à titre privé dans leur élevage (et sans concertation) pour
qu'il en soit autrement. Accoupler ses animaux de façon à connaître les parentés et la généalogie de chaque individu est d'abord l'évidence afin de pouvoir certifier que le jeune produit est bien
de souche Ouessant. Vient ensuite le souci de contenir ses naissances dans le standard taille en particulier. L'aspect beauté, non primordial à mon sens, doit s'effacer devant
l'importance de conserver d'abord les caractéristiques physiques et la rusticité de cet ovin.
Vous êtes ou allez devenir éleveur de moutons d'Ouessant. Même si vous n'en avez (ou n'aurez) qu'un couple, pensez à démarrer
avec des animaux d'origines connues et reconnues, mesurez vos animaux sérieusement (adultes à trois ans), ne faîtes reproduire que ceux au standard. Chaque éleveur, qu'il soit affilié
au milieu associatif ou pas, a le devoir en s'engageant dans l'élevage d'une race ancienne de le faire également (au-delà du simple plaisir ou côté utilitaire) à titre conservatoire.
Nous sommes tous des particuliers à élever ce petit mouton d'Ouessant. Notre comportement d'éleveur, nos comportements
à tous détermineront l'avenir du mouton d'Ouessant qui, contrairement à ce qu'on peut lire souvent, est toujours en danger et peut-être plus encore. Le nombre de 20 000 moutons dits
d'Ouessant en Europe est sans doute atteint sinon dépassé, mais seulement quelques centaines probablement sont véritablement des Ouessant dans leur génétique et leur morphologie.
Organisez votre élevage en connaissance de cause!
Que les milieux associatifs s'organisent également tout comme certains de nous le font dans leur
troupeau à titre privé afin que l'avenir du Ouessant soit assuré et que les choses ne se dégradent pas toujours plus pour lui à chaque année qui passe.
C'est ce à quoi je travaille depuis 1996 avec mon troupeau. J'espère que si vous décidez d'élever des Ouessant, vous aussi
songerez à l'importance de votre rôle d'éleveur d'une race ancienne à sauvegarder.
L'élevage des Lutins travaille en sélection et construction de son cheptel en pures souches pionnières du Ouessant. Plus
qu'une obligation, une évidence dans cette démarche conservatoire du mouton d'Ouessant type ancien.