Enfin presque!
Elles sont quatorze les biquettes. Bien assez pour assumer leur rôle complémentaire à celui des Ouessant sur la végétation.
J'en ai assurément assez pour au moins les dix ans à venir. Elles sont, sur plusieurs hectares avec les Lutins Ouessant, assurées d'une belle vie que bien des biquettes leur envieraient.
Devenus inutiles, difficiles à gérer et malheureux de par une libido excessive, bloquant également jusqu'alors un parc rien que pour eux, les derniers boucs ont été castrés pour leur permettre de rejoindre la troupe, pour leur plus grand bonheur.
Tout juste tombé malade à un an et demi, mort à deux ans, je n'aurai pas connu sa réalité à trois ans, adulte.
Le déclic, la décision, fut prise après avoir perdu le mâle de meilleure construction et de meilleure taille, après huit longs mois de soucis digestifs que le vétérinaire ne put soigner.
C'était non seulement le seul bouc réellement miniature que j'avais trouvé et pu voir, mais également le seul caprin d'allure miniature, n'ayant jamais rencontré de femelle de même qualité.
Pourtant durant ces trois ans passés, j'en ai fait des recherches, visité des élevages, contacté des personnes, acheté des animaux, dépensé une fortune ...
J'en suis arrivé très vite à la conclusion que la chèvre miniature n'existe pas en fait. C'est un mythe tenace.
Il n'existe en fait que des chèvres naines de différentes tailles. C'est à dire des chèvres de taille réduite par rapport à la "normale" mais toujours avec au moins quelques signes de difformité, leur allure déjà elle seule ne correspondant pas à une véritable miniaturisation avec des proportions harmonieuses respectées.
A cela s'ajoute la mode de l'utilisation du mot "toy" qui ne veut rien dire et pour lequel de toute façon ceux qui l'utilisent ne savent en donner un sens précis autre que "petit". Mais petit comment?
Initialement la mode de l'emploi du mot "toy" correspondrait à un caprin de plus de trois ans (alors seulement adulte) de plus ou moins 40 cm au garrot (c'est à dire la taille des plus petits moutons d'Ouessant). Bon soit!
Maintenant encore faudrait-il que les vendeurs de tels animaux les mesurent, avec le bon matériel et dans de bonnes conditions... et une fois réellement adultes. Curieusement quand en client vous arrivez avec votre toise, ou bien on refuse que vous mesuriez (étrange!) les parents, ou bien alors, en cas contraire, vous vous apercevez que le vendeur essaie de vous rouler ou fait preuve tout simplement d'un amateurisme (au sens négatif du terme) déconcertant car l'animal est beaucoup plus grand qu'annoncé.
A la gravité d'une telle situation, s'ajoute le véritable scandale des prix auxquels sont vendus de tels faux "toys". Trois à quatre cents euros, c'est le minimum à la mode, les prix grimpant très vite selon la coloration ou autre particularité. (A ce prix il est possible d'acquérir plusieurs moutons d'Ouessant corrects, y compris en taille, auprès des éleveurs les plus pointus)
Ce scandale autour du prétendu toy, ne touche pas seulement les commerciaux, marchands d'animaux, mais également les particuliers qui élèvent et qui finissent par considérer que c'est là le marché actuel, alors que bien entendu ni les uns ni les autres ne sont en mesure de proposer réellement animaux dans le cadre considéré, celui annoncé du toy.
Le scandale est encore bien plus grand quand on sait que ce commerce se fait essentiellement autour de jeunes animaux. Aussi bien vendus/à réserver dès la naissance, qu'à l'âge de trois mois au sevrage, alors que dans un cas comme dans l'autre, personne ne peut prédire la taille réelle de l'animal une fois adulte. Pourtant on ose vous annoncer "chevreau toy".
Ce marché est juteux pour ceux qui s'y adonnent mais se révèle une véritable escroquerie. Nombreux sont les acquéreurs déçus dans ce genre d'aventure. Les pigeons se réveillent mais toujours trop tard, d'autant qu'on vous fait bien comprendre que le chevreau risque de vous échapper si vous ne réserver pas très vite. Il reste sinon les ignorants qui n'auront jamais eu par la suite la curiosité de mesurer l'animal acquis lorsqu'il est devenu adulte et qui demeurent dans l'illusion, pas très observateurs non plus... Mieux vaut pour ces derniers ne pas savoir.
En effet comme je le constate dans mes reproductions de caprins, poids et taille à la naissance ne renseignent en rien avec certitude sur le devenir de la croissance et la taille définitive. J'ai un animal né à 600g qui dépasse tous les autres à présent.
J'avais acheté divers chevreaux de trois mois au sevrage dits toys sur les jolis papiers les accompagnant avec tout le baratin habituel, en différents élevages et différentes souches des plus connues et supposées intéressantes, tous finirent entre 45 et 55 cm (et sans doute plus puisque le 55 à un an ne fut pas conservé et qu'aucun des autres n'est encore adulte), bien loin de la quarantaine de centimètres.
En effet un chevreau peut avoir une croissance ralentie de par soucis d'allaitement, des soucis hormonaux, des soucis d'alimentation suffisante en herbe ses premiers mois, un manque de vitamines et minéraux, ou encore de gros problèmes de parasites, comme j'ai pu le constater sur ces trois derniers points dans des acquisitions.
Le commerce de la chèvre dite miniature ou toy bat son plein. Beaucoup d'éleveurs apparaissent, beaucoup disparaissent aussi d'ailleurs, étrangement, y compris des commerciaux devenus célèbres (??).
Il s'avère que dans ce domaine du caprin miniature, il existe bien à l'occasion de vrais (génétiquement) petits animaux, mais parmi les plus petits également de "faux petits" non concernés par l'acquisition d'un patrimoine génétique en ce sens. Je me suis aperçu qu'en fait rien n'est fixé et qu'il s'agit plus de naissances aléatoires, à l'occasion. Mon petit bouc idéalisé disparu m'a d'ailleurs donné une naissance, une seule, avec ma première chèvre adulte qui s'avère aussi la plus petite. Cette naissance, une chevrette qui à huit mois à présent dépasse sa mère et la génération précédente, n'ayant rien hérité de son minuscule père.
Je n'ai pas rencontré d'éleveur pointu, précis et méthodique avec objectifs de travail, uniquement des producteurs de naines, un plaisir pour eux et un commerce.
Aussi, ma décision de ne plus véritablement élever de caprins, dans le sens de la reproduction et de la sélection, me semble bien être la meilleure décision la plus sage. Il ne me reste plus l'espoir de 25 ans de travail en ce sens pour fixer et créer de véritables chèvres miniatures et dans l'immédiat, j'ai bien compris qu'il est totalement impossible de trouver animaux de base de qualité pour entreprendre tel projet.
Je ne souhaitais qu'animaux entre 40 et 43 cm, ce qui correspond à la moitié basse du standard chez le Ouessant et le cadre dominant chez les Lutins, mais c'est impossible.
Si un éleveur pense que je me trompe, je suis intéressé à le lire et lui ouvre ces colonnes en commentaires, ou même seulement qu'il me contacte pour échanger et me montrer qu'il élève animaux intéressants. (Certes le blog des Lutins n'est pas lu par l'ensemble des acteurs autour de la chèvre dite miniature, mais je doute que j'aurai un retour sur ces considérations de toute première importance.)