C'est fait depuis hier, selon tradition chez les Lutins.
Portes ouvertes entre tous les enclos du domaine des Lutins.
Et ce pour cinq mois, après sept de pénitence pour les béliers en particulier.
Après un instant en une situation qui leur paraît irréelle, mais pourtant bien attendue ....
.... enfin les retrouvailles.
Après un quart d'heure d'effervescence et quelques bousculades, le calme revient sur les prés.
Le bonheur s'y installe alors véritablement, malheureusement jusqu'au dernier mois d'été seulement.
Au bonheur des Lutins s'en suit celui de leur berger, ravi du spectacle et de l'atmosphère qui plane.
IL est bien dans le pré....
La neige est bien restée durant la nuit après cette chute subite en toute fin de journée. Le thermomètre qui devait, d'après les prévisions, descendre à moins un degré a affiché moins cinq.
Heureusement, aucune naissance. Je craignais le pire, les futures mères ne choisissant pas toujours le meilleur endroit pour donner naissance, aimant s'isoler et donc éviter alors la promiscuité dans les abris.
La situation météo nocturne n'a par ailleurs pas perturbé certaines brebis dans leurs habitudes à dormir en plein air.
Au lever du jour, j'en retrouve une dizaine couchée sur la neige. Les folles!
Un peu engourdies, encore endormies, elles finissent par se lever, laissant découvrir leur placette dégivrée.
C'est en ces circonstances que leur toison, véritable sac de couchage, leur est bien utile.
Le beau temps semble revenir depuis et la semaine à venir devrait être belle.
J'espère que les premiers agneaux saisiront l'occasion pour montrer leur nez.
Depuis ce 1er février, toutes les femelles sont enfin regroupées, les reproductrices comme les non reproductrices.
Volontairement, un mois de retard en ce regroupement, contrairement aux autres années.
Ceci afin de tenter des fécondations tardives de brebis qui auraient été encore non gestantes en janvier.
Depuis une semaine, la troupe profite régulièrement des accalmies sous un ciel tempétueux pour sortir pâturer, se précipitant maintes fois à l'abri à chaque déluge soudain.
Les sols sont saturés en eau depuis longtemps. Sur les hauteurs, le terrain n'est pas boueux et les filles aiment s'y rendre.
Néoténie, l'agnelle 2 en 1 au niveau de la sortie de son cheminement digestif, apprécie ce déplacement, elle dont le ventre est bien près du sol...
Sur la colline, c'est également l'occasion pour les dames d'apercevoir les messieurs, voire de leur rendre une petite visite au parloir.
Pour certains des béliers, les filles passeront après, tout occupés qu'ils sont à marquer de leur odeur un branchage de chêne tombé au sol dans leur parc sous un coup de vent.
Puis finalement, des deux côtés des barreaux, on s'agglutine. On se murmure à l'oreille des propos qui resteront secrets et on se glisse peut-être quelques billets doux dans l'espoir de tisser des liens pour la future saison de reproduction. Qui sait?
Mais bon, seul le sexe crée du lien étroit, et, comme de sexe plus question en cette période, les filles prennent le large pour retourner satisfaire leur panse.
Elles laissent derrière elles des garçons déconcertés par tant d'indifférence.
Ces derniers tentent bien de les suivre pour retrouver le contact au bas de leur prairie.
Mais l'averse naissant, l'ensemble des brebis décide de regagner ses appartements pour se mettre à l'abri.
Les béliers espèrent déjà la prochaine éclaircie n'ayant plus qu'à rêver aux futures retrouvailles passagères....
Aimer est plus fort que d'être aimé.....
Ainsi va la vie des Lutins ces dernières semaines.
En mai dernier, sur ce blog, je passai cet appel en lien ci-dessous.
Recherche personnelle - Ouessant-mouton / les Lutins du M.
Dans souci d'élargir la diversité du patrimoine génétique de mon troupeau, je recherche un bélier noir (à défaut blanc hétérozygote, avéré porteur du noir caché, c'est à dire issu d'un...
http://ouessant-mouton.over-blog.com/2015/05/recherche-personnelle.html
Malgré 150 à 250 visiteurs quotidiens différents sur le blog des Lutins (logiquement des centaines par semaine) et appel oralement au sein même des acteurs associatifs du Ouessant à l'occasion d'une réunion, je n'eus pas de retour.
On voit à quel point il est difficile de trouver un mouton d'Ouessant simplement dans le standard, avec origines et répondant à un minimum d'exigences.
En sollicitant quelques éleveurs proches, j'eus tout de même deux trois retours que je dus décliner, l'animal proposé étant trop jeune ou pas encore totalement construit ... et un adulte trop lourd pour aller dans le sens des orientations de mon élevage.
Finalement, c'est en toute dernière limite, une semaine avant le début de mes programmes de reproduction, en faisant appel à un dernier collègue éleveur qui se révéla attentif à ma quête, que je pus trouver le bélier qui m'apporterait un peu de "sang neuf" tout en allant dans le sens des Lutins.
J'avais le choix entre deux mâles. Je choisis sans hésitation le plus âgé des deux, correspondant d'ailleurs tout à fait au profil de mon élevage, m'appuyant de plus sur sa généalogie disponible.
Ce bélier a des qualités, mais aussi des défauts, comme tout animal et comme les miens évidemment, la perfection n'existant (heureusement) pas. Il me convient très bien et j'ai hâte de voir les premiers résultats de l'association de sa génétique à celle des Lutins.
Merci à ce collègue éleveur pour sa générosité en ce prêt. Il va de soi que je saurai lui retourner attention s'il se trouvait à l'avenir dans le besoin et s'il pouvait trouver utilité en un Lutin pour son élevage.
"Comme je sais que tu me lis à l'occasion, encore merci à toi!"
En attendant, les filles peuvent profiter de ce play-boy encore quinze jours, pour compagnie ... et plus si affinités, si l'envie les prenait tardivement.
Les lots de reproduction sont constitués depuis une semaine chez les Lutins et les premiers accouplements ne se sont pas fait attendre.
L'éclatement du troupeau des femelles est toujours délicat.
Les affinités et les liens font que les animaux ont tendance à vouloir demeurer proches les uns des autres de chaque côté des clôtures. Il faudra du temps pour que chaque groupe soit amené à vivre sa vie sans qu'il n' y ait plus tentative de regroupement, comme le soir en particulier au moment du coucher. Certains moutons préférant dormir près de leurs congénères, même séparés par le grillage, que de se rendre au sec en cabane pour la nuit.
Pendant ce temps l'herbe diminue bien à nouveau avec seulement une vingtaine de millimètres de pluie à ce jour durant le mois d'octobre....
70 mm (70l au m2) sur quinze jours de septembre.
C'est peu d'eau, mais mieux que rien et déjà suffisant, sur sols totalement déshydratés, pour faire reverdir les pâtures.
Là où il n'y avait plus aucune végétation vivante, les banques de graines disséminées se sont transformées en plantules nouvelles.
Cette tendreté végétale régale les palais délicats et les papilles gourmandes.
Bon ce n'est pas tout, il faut qu'il pleuve véritablement à présent, pour humidifier les sols durablement et en profondeur, car ce n'est pas la semaine de beau temps fixe annoncé qui va améliorer les choses sur ce point!
Pleuvra pas!!!
L'été semble devoir se terminer sans pluie chez les Lutins.
C'est pourtant maintenant qu'il en faudrait enfin, afin de pouvoir assurer un peu d'herbe cet automne voire cet hiver s'il devait être assez doux.
L'an passé les Ouessant n'avaient pas consommé de foin de tout l'hiver, l'été ayant été régulièrement arrosé.
Tout porte à croire, pour l'instant, qu'il va en être tout autrement d'ici le printemps prochain.
Crac!
Une faiblesse en son bois, une masse de fruits devenue bien pesante... voilà le bras secondaire du vieux poirier au sol.
L'événement s'est vite ébruité sur les prairies et une bonne partie des Lutins en vagabondage rapplique immédiatement.
Certains se sont précipités sur les boules de gui.
D'autres sur le feuillage et les poires.
Bientôt les feuilles du gui ont disparu. Les rameaux fins seront consommés plus tard.
De même le vide a été fait parmi les feuilles de l'arbre. La quantité de fruits au sol va assurer gourmandise sur une semaine au moins.
Les premières panses distendues trouvent place pour le repos et la digestion sous un bras de saule tombé lui au printemps sous le poids des pluies.
Si l'herbe a un peu reverdi après quelques averses sur la première quinzaine d'août et grâce à des températures moins caniculaires mais aussi un soleil sachant se faire discret certains jours, cette masse de verdure du poirier comme tombée du ciel est un véritable régal pour les Ouessant.
J'assiste serein à la curée. Les Lutins étant vaccinés contre les soucis d'entérotoxémies, je ne crains qu'une paire de diarrhées pour le lendemain. (une seule brebis sera d'ailleurs passagèrement dérangée finalement).
Sinon, il est toujours bon de garder à l'esprit que ce genre d'événement, grosse chute de fruits ou apport conséquent de verdure, peut être mortel si les animaux en font trop grande consommation subite, surtout en période de sécheresse et/ou quand les moutons sont en état de dénutrition.
Il y a un mois disparaissait mystérieusement Nuxi une des deux brebis doyennes au troupeau.
Durant ces dernières semaines, j'ai ratissé chaque mètre carré du domaine des Lutins à la recherche de son cadavre ou d'un quelconque indice, passant et repassant aux endroits déjà parcourus comme si un miracle allait finalement m'éclairer.
J'ai bien fait de ne jamais abandonner car la réponse à cette disparition me fut donnée il y a quelques jours.
Sur le ruisselet traversant les prairies, par le passé, les agriculteurs des lieux avaient installé un système de busage permettant de franchir l'obstacle en tracteur. Le temps avait fait son œuvre. Sous le poids des engins et l'érosion lors des crues, un des éléments avait fini par se disloquer.
En cette période de sécheresse, l'eau coule toujours, mais faiblement et sur une profondeur de cinq centimètres tout au plus. J'avais donc exclu la possibilité de noyade d'une Nuxi doyenne affaiblie
J'ai ausculté les tuyaux bien des fois malgré tout, sans jamais rien déceler.
Et puis dans la semaine.... Trouvé! Enfin! Le cadavre de Nuxi!
Grâce à la décomposition, l'apparition osseuse blanchâtre du crâne me permit de déceler dans la pénombre le cadavre qui devait se trouver là dès le début. Un corps sombre baignant dans une dizaine de centimètres d'eau tout aussi sombre ne pouvait m'apparaître jusque là dans l'obscurité, tout comme toute odeur de putréfaction était bloquée.
Ce cliché sous flash confirma ma trouvaille.
Maintenant comment Nuxi a-t-elle put finir là?
La piste de l'animal qui s'y est glissé par lui-même est peu probable. L'espace est réduit et le mouton n'est pas du genre à se faufiler en telle structure, de plus sans raison.
L'hypothèse de la chute ne tient guère car il n'y a pas de pente importante véritable et la brebis est tournée vers la sortie. Il m'a d'ailleurs fallu écarter et écraser les joncs de l'entrée pour pouvoir y jeter mes regards.
J'imagine plus un renard ayant tiré le cadavre jusque là pour s'assurer provisions, ce carnivore aimant enterrer ou cacher ses restes de proies. Nuxi est sans doute morte à proximité, les abords du ru offrant un peu de verdure attirant les Ouessant.
Au cas où le goupil aurait tué cette brebis doyenne, je ne lui en veux pas. Il n'aurait fait que son travail, et du bon travail, évitant au berger de prendre la difficile décision d'envoyer au paradis une vieille amie pour qui la vie était devenue trop difficile.
Si le renard n'a fait que profiter de cette doyenne déjà morte, merci à lui pour le recyclage d'un cadavre impossible à enterrer en cette période de sécheresse ou impossible à conserver plusieurs jours en l'attente d'un départ pour l'équarrissage en période de canicule...
La fiche Nuxi peut donc rejoindre le classeur des anciens Lutins avec ces annotations sur cette fin particulière.