Côté mâles, changement de parc depuis début février, dans l'attente de retrouver les femelles dans quelques mois.
Neige et pluie ont gorgé d'eau les sols qui ne savent plus comment l'évacuer. Seul un téméraire vient à ma rencontre à mon arrivée, osant se mouiller...les onglons.
Les autres préfèrent demeurer plus au sec et savent attendre mon intrusion sur leur territoire hivernal.
Les béliers apprécient mes quelques visites quotidiennes qui égayent leur routine et il m'est difficile de ne pas les avoir dans mes pas.
D'ailleurs dès que je fais une pause, c'est à qui aura la priorité de venir se frotter à moi, déposant de leur front et leur larmier, leur odeur individuelle pour me marquer sans violence comme un vulgaire piquet, indiquant de fait que je leur appartiens, que je suis de leur environnement et qu'ils existent bien au nez de qui voudra humer leur parfum.
Une façon indirecte et finalement bien moderne (plus que le net?) de passer des billets doux olfactifs aux brebis qui lorsque je les rencontrerai ne manqueront pas de se frotter à moi, de heurter mes bottes de leur front...
Et le lendemain, involontairement, je me ferai messager de ces dames pour les naseaux de ces messieurs. La boucle est bouclée.
Les gaillards aimeraient pouvoir me suivre. Ils savent qu'il est un ailleurs qu'ils connaissent bien, où la mixité aurait du bon.
C'est toujours un peu triste que je me dois de les abandonner.
Résignés, ils me lancent un dernier regard dépité.
Je repars assuré par ces visites que tout va bien pour eux, hormis qu'ils se languissent, avec en moi ce sentiment d'impatience de pouvoir leur offrir des jours meilleurs dans deux mois.