Agneau de génotype AaAaBbBbFfFf pour sa coloration, Vergeois des Lutins..
Vergeois est un agneau Ouessant de type ancien, en coloration Non agouti sur base brune. Cette couleur est dite plus communément "brune". Il présente cependant la particularité d'être homozygote pour l'allèle "faded" qui va engendrer décoloration de la toison.
C'est un peu dommage pour ce dernier point, tout autant pour le visuel que les calculs en reproduction future plus complexes engendrés pour limiter l'expression du faded, mais Vergeois conserve cependant tout son intérêt comme bélier brun ... et pas n'importe quel bélier brun.
Hermeline des Lutins, dite brebis "blanche" mais plus précisément AwtAaB+BbF+Ff pour son génotype complet de coloration.
En effet, Vergeois est un fils de ma belle Hermeline, brebis descendante de ma toute première souche (élevage Vaillant des années 90). Cette brebis demeure d'ailleurs encore bien typée en cette forme.
Hermeline n'est pas n'importe quelle brebis blanche puisqu'elle est fille de Châtaigne.
Châtaigne, trop vite disparue mais ayant eu le temps de procréer heureusement, fut le tout premier Ouessant brun en "sang breton" (ou originel comme disent certains à titre publicitaire) obtenu par reproductions calculées en ce sens.
Châtaigne était fille de Cannelle.
Cannelle des Lutins sur ses vieux jours.
Cannelle, dans sa jeunesse très jolie brebis dite blanche, descendante toujours de ma souche Vaillant des années 90 (comme le reconnaîtront au "look" les connaisseurs d'un certain âge) m'avait fait la surprise de bien posséder le gène brun caché suite à accouplement de sa mère Castille (née Vaillant) avec un bélier de ma troupe construit en ce sens comme porteur de l'allèle brun issu d'une femelle brune ayant déjà eu une histoire en sa construction avec des souches de pionniers du renouveau du Ouessant en milieu associatif.
Bien entendu, face à la récessivité de cet allèle brun, la voie mâle a une importance du même ordre pour aboutir à un sujet homozygote Bb permettant l'expression de cette couleur brune. D'où la grande complexité d'accouplements et un temps long nécessaire, aux résultats évoluant par paliers, pour construire et comprendre la réalité d'un animal affichant un tel caractère.
Tout cela peut sembler un peu compliqué pour qui n'élève pas des Ouessant dans le souci ni le sens de la conservation, mais ce cheminement permet peut-être de saisir tout l'intérêt que représentent les reproductions calculées et les généalogies qui en découlent.
(Bon je sais, dans le milieu du Ouessant, on ne se pose pas grandes questions devant un animal et bien moins surtout devant les colorations dites blanches et dites noires, les plus communes. Même sans origines longues connues voire sans aucune, un mouton qui ressemble à l'idée que l'on se fait d'un Ouessant, parfois en des tailles hautes hors standard, se retrouve considéré et affiché Ouessant, d'autant plus s'il est séduisant. C'est d'ailleurs ainsi que par le passé s'est effectué souvent le renouveau de ce type ovin proche alors de disparition, n'existant plus alors qu'en des formes continentales. Ce qui certes a l'époque ne pouvait se faire autrement, mais cela perdure encore aujourd'hui face à la masse bien plus importante de moutons de ce type devenu très commun.
Alors certains diraient: "Pourquoi Morzynski se décarcasse et se complique la vie ainsi?" Ma réponse est qu'il ne m'est pas acceptable que derrière certains discours tenus fort séduisants (comme le "pure race" entre autres choses!) se cache une autre réalité. Ce que tout esprit un peu curieux, rigoureux et animé de réflexion est à même de considérer. Le Ouessant n'est pas pour moi un sujet d'amusement, mais tout un travail dans le souci d'une véritable conservation pour l'intérêt de ce type ovin... et ce à titre privé.)
Vergeois est donc petit fils de Châtaigne des Lutins et, après le bélier Champagne des Lutins, de moins belle qualité, parti ailleurs et mort en son nouvel élevage, il devient premier bélier brun en "sang bretonnisant" ("originel" pour ceux que ce terme n'agace pas, au contraire de moi), après dix huit ans de travail et de patience, cet allèle brun, issu des Ouessant métissés (avec types ovins nordiques) des groupements étrangers, ayant été introduit en 2003 chez les Lutins. Avant d'être effective une introduction d'allèle réfléchie et envisagée en mon troupeau du fait que ce gène était présent dans les concours du Gemo depuis 1996 en couleur exprimée (et peut-être antérieurement en allèle caché) et de plus figurait déjà au standard.
Vergeois, qui a eu un mois ce 19 juin, est de plus assez séduisant à ce stade. Sans pouvoir présager de la qualité de son morphotype final une fois adulte (un peu svelte?), c'est un bélier important pour le troupeau des Lutins et la population Ouessant de type ancien, dans le sens de la conservation.
A titre d'observation, on peut noter en caractère hérité de la souche d'Edmond et Hervé Vaillant, cette sorte de joli maquillage naturel en masque soulignant les traits des yeux et du museau, bien perceptible sur une face éclaircie.
Pralin des Lutins, Ouessant brun et père de Vergeois.
C'est Pralin des Lutins, né au printemps 2020, qui participa à l'automne au programme de diffusion et d'expression de l'allèle brun en lignées toujours plus concentrées en patrimoine génétique des premiers Ouessant continentaux ayant servi au renouveau de ce type ovin dans les années 70. L'utilisation d'un bélier nouvellement mature, peu recommandée d'ordinaire, s'explique par la rareté d'un tel Ouessant et l'urgence de par la complexité et le temps long nécessaire à de tels travaux, mais aussi par la crainte d'une disparition accidentelle de Pralin avant qu'il ait pu procréer.
Elane des Lutins et Vergeois des Lutins, deux jeunes issus de Pralin.
Pour le plaisir des yeux, le contraste saisissant entre le brun intense de Miss Elane et le brun qui se décolore de Mister Vergeois.
Autre remarque: l'aspect "faded" en racines des fibres bien visible dans les ouvertures de toison en encolure chez Vergeois, alors que les pointes de mèches demeurent plus brunes.