Il y a une semaine encore, une petite laine n'était pas de trop au petit matin pour les Lutins, surtout dans l'herbe haute trempée des remontées humides de la nuit après tous ces mois de pluie (858 mm sur ces huit derniers mois).
Mais ces derniers jours, le berger a retroussé les manches pour la corvée annuelle, profitant de la fenêtre météo et poussé par les 32 degrés à l'ombre en journée, à maintenant une semaine de l'été.
Pour la seconde saison, j'utilise la machine du moment à la mode, légère et plus facilement maniable. Moins puissante que ma précédente, elle est forcément un peu poussive, donnant une coupe pas très rase, mais dans le même temps elle évite peut-être mieux les coupures, ces dernières étant toujours un gros risque face à des toisons Ouessant loin d'être idéales en qualité à la tonte, surtout quand on s'applique à un joli résultat.
Les Lutins savourent leur tenue d'été, le corps retrouvant ses sensations avec le milieu extérieur. Celles agréables de l'herbe tendre, celles agaçantes du criquet trottinant à fleur de laine.
Entourloupe, brebis Agouti blanc bronzé (Awt) et Dikdik, son agneau Non agouti en base noire (AaAaB+B+)
Comme chaque année, tondre les Ouessant dits "blancs", c'est du gâteau. Ceux gardés pour la fin après s'être épuisé sur d'autres toisons ou choisis en sorte de récréation après un cas qui a demandé une heure de tonte. Le plus souvent quelques minutes suffisent pour dénuder le Ouessant blanc, d'autant plus s'il est sage, le spécimen chéri étant celui qui ne présente aucune bourre ventrale, une laine réduite à une cape, qui plus est bien "mûre", c'est à dire à point, proche de la mue, qui n'est plus retenue à la peau que par quelques longs poils et fibres éparses. Un délice!
Chaque fois, je ne peux m'empêcher de songer aux caractères associés à la présence de cet allèle Awt, tout comme également la tendreté de la corne des onglons lors de la taille ...
Si pour certains naïfs Dieu avait voulu et fait le mouton d'Ouessant ...noir, il faut bien reconnaître que l'Homme a préféré le métissage, en particulier avec d'autres populations ovines blanches, sans doute pour la tonte, songeant que ce n'est pas le Divin qui de toute façon viendrait réaliser le travail😉
Je comprends à présent le mystère des éleveurs de Ouessant qui n'élèvent que "du blanc."..😉
Si pour une tonte réussie, l'outillage et la dextérité du tondeur sont d'une grande importance, la qualité de la toison l'est bien plus encore. Toisons sèches, grasses, collantes, serrées, feutrées.... autant d'obstacles pour démoraliser, fatiguer, stresser, rager.... faire baisser la cadence, faire craindre l'accident ou le faire arriver. L'état physique, animal rempli ou maigre, l'âge du mouton, tout cela joue également sur la laine mais aussi sur le mauvais aspect de la peau, peau distendue risquant la coupure.
Ci-dessus, en exemple, une brebis à toison sèche impénétrable pour les peignes de la tondeuse et qui demanda une heure de travail bien qu'il fallut se résoudre à un résultat médiocre.
Autre exemple. Une heure de travail sur ma pauvre doyenne vivant son dernier été (si elle arrive au bout). Impossible d'utiliser la tondeuse le plus souvent, le travail se faisant donc à la pointe des ciseaux en passant par le millimètre entre une peau distendue sur les os et la couche feutrée, tassée, serrée, collée d'une toison carapace. Le dessus aéré, inutile de chercher à faire le dessous. Mieux vaut éviter l'accident, ce petit matelas pour le coucher demeurant utile dans son état physique,... de plus il finira par se décoller dans les mois suivants si Prunelle veut vivre encore.
Malheureusement, cette saloperie de laine ne fait que pousser dès la naissance sur les pauvres agneaux.
Tout cela faisant songer que dans moins d'un an à présent, il va falloir recommencer...😉
C'est bien pour cela qu'il faut jouir au maximum de ces bien courtes quelques semaines durant lesquelles nos Ouessant tondus sont encore présentables, la laine repoussant très vite.
C'est ce que je n'ai pas manqué de faire dès la tondeuse nettoyée et rangée!