Quand on est/naît bélier, on a le handicap d'être un mâle et pas forcément le bienvenu.
Il suffit d'un bélier pour saillir 30, 40, … brebis durant l'automne et l'hiver.
Il y a équilibre des sexes en naissances, au sens des probabilités et donc mathématiquement sur le nombre et dans le temps.
Autant dire que les éleveurs ne rêvent que rarement voir naître des mâles, sauf attente d'un sujet particulier.
Aussi il est bien souvent difficile de trouver une personne intéressée par l'acquisition d'un bélier, surtout quand cette dernière ne possède pas déjà des Ouessant.
Ainsi face à un bélier des Lutins ne trouvant pas preneur (pourtant bien plus que correct et avec un pedigree particulièrement intéressant), il me fallut concevoir donner une brebis avec ce mâle, pour acquéreur désirant un couple et donc reproduire.
Pour rendre service en cette période, j'ai accepté de tondre les animaux en question, bien que côté météo rien ne permette d'envisager encore la chose.
J'ai presque eu regret, voyant les animaux trembler comme des feuilles mortes une fois nus, malgré une journée plutôt ensoleillée.
Je n'ai pu que conseiller au nouveau propriétaire, vivant à 700 m d'altitude, de laisser son couple enfermé quelques jours, le temps que les Ouessant s'accommodent du contraste vestimentaire qu'impose la tonte. Un choc pour l'animal, il ne faut pas l'oublier.
Par ailleurs, à l'occasion de ces tontes prématurées, comme chaque année, je suis pris d'émerveillement à retrouver le Ouessant dans toute sa splendeur, ayant un peu oublié leur réalité cachée sous une toison pas forcément esthétique, surtout après un an de pousse.
Quant à moi et cette corvée annuelle de la tonte qui semble revenir bien trop vite (à moins que ce soit le bonhomme qui prend des années trop rapidement à son goût …), l'horizon météorologique semble ne guère laisser d'espoir de pouvoir envisager cette intervention en de bonnes conditions, pour un bon bout de temps.