Le point sur la mission de sauvetage des jeunes geais tombés du nid.
L'être humain est (normalement) un être animé d'empathie et de compassion (jusqu'à un certain point), ce qui, paraît-il, aurait permis à cette espèce, au cours de l'évolution, cette sorte de "réussite" (toute relative) dans le fleuve du vivant.
Ainsi de par ce statut de primate bipède à neurones capables de m'amener à sentiment d'empathie face à autrui, face à ces oisillons, certes d'une autre espèce que la mienne, s'engagea moment de réflexion. Que faire?
Ignorer la situation? Non, dans ce cas autant encore euthanasier de suite les petits pour leur éviter une fin moins rapide.
Donner un coup de main, quand c'est possible, vaut mieux que donner un coup de pied, ce dont le haineux ne se serait pas privé, celui qui déjà voit en l'espèce une cible pour ses amusements...
Envisager nourrir ces jeunes en captivité jusqu'à émancipation n'était pas envisageable. C'est une lourde tâche. De plus, comme les autres corvidés, le geai est vite imprégné par l'humain qui l'a élevé et tout espoir d'un avenir d'oiseau libre devant en plus craindre l'Homme est anéanti.
Enfin, et même d'abord, il est utile de rappeler que la détention d'animaux non domestiques, d'espèces de la faune sauvage, est interdite, même en conséquence de bons sentiments. Seules certaines structures ou particuliers possédant agréments peuvent s'engager dans ce type de mission. (Ce que font les centres de soins de l'UFCS si vous aviez besoin …)
Quand c'est possible mieux vaut, dans ce genre de situation, remettre les oisillons au nid ou à proximité s'ils sont presque volants. Mais là, après méfaits de la tempête Miguel plus de nid sécurisé et son emplacement à quinze mètres vers bout de branche était inaccessible.
La croissance des jeunes geais étant bien avancée, j'ai donc décidé dans la hâte de leur offrir nouveau nid que j'ai fixé solidement, loin du tronc, en fourche d'une branche du même chêne accessible avec échelle.
C'était sans doute la meilleure solution, mais rien n'était assuré quant à la reprise de l'élevage par les parents des oisillons. D'abord il y avait déplacement de nid, dix mètres plus bas que le leur. La structure risquait plus d'effaroucher, n'ayant pas pris le temps de tresser quelques rameaux de chênes pour imiter un nid naturel.
Mais bon, il fallait essayer, le point fort étant qu'à ce stade de croissance des jeunes, les parents leur sont très attachés. Le point faible était que je savais que les corbeaux, par exemple, ne nourrissent pas les jeunes tombés du nid.
Installé en début de matinée, le nid artificiel fut abandonné avec ses oisillons pour la journée, évitant de fréquenter le secteur ensuite. Ce n'est qu'au soir que je décidai de me placer à cent mètres à l'affût, avec les jumelles, pour observer la situation …. s'il y avait à observer, pensant déjà devoir grimper avant la nuit pour nourrir les geais.
J'avais bien ce sentiment de doux rêveur au fond de moi, mais, comme en bien d'autres circonstances, je pars du principe que qui ne tente rien n'a rien.
Au bout d'un toujours trop long moment quand on attend, miracle! Un geai venait de se percher sur le faux nid. Il y resta une minute ou deux penché vers l'intérieur devant nourrir et s'occuper de sa progéniture. En fait le miracle devait avoir déjà eu lieu bien d'autres fois en journée. L'attachement des parents avait été plus fort que la crainte face à tous ces bouleversements de leur site de nidification, leur point geai à eux.
Mission accomplie! Le cœur léger, j'abandonnai alors les boules de plumes à un second nouveau destin qui, peut-être, finira à la même case d'arrivée tant les dangers sont nombreux quand on est oiseau, mais j'avais fait ma part ...