Le suspens a assez duré. Je vais mettre fin aux cauchemars de celles et ceux qui se demandent s'ils vont être reçus après avoir rendu leur copie.
D'abord merci à l'ensemble des visiteurs qui ont osé avancer une réponse par leurs commentaires ( consultables dans "commentaire" sous cet article).
Malheureusement, personne n'a apporté la bonne réponse.
On pouvait effectivement plaisanter en annonçant la brebis qui ne regardait pas dans le même sens, celle dont on ne voyait pas les yeux ou qui levait la
queue... Mais c'est évidemment sur la toison que portait l'énigme.
L'intruse est la brebis de la première photo.
Cette femelle est une brebis noire (adulte de quelques années). Si sa toison présente une certaine canitie, en particulier sur l'encolure et la cuisse, c'est bien
génétiquement un sujet noir (parsemé de poils blancs avec l'âge) et c'est le seul de la série.
Par contre toutes les autres femelles présentées à la suite étaient des brebis grises génétiquement (gène diminuant l'intensité de la fibre
noire) , exprimant malgré tout une assez grande variabilité dans l'apparence de ce phénotype. Les pièges portaient sur ce dernier point.
Thomas pourrait dire que la photo ne traduit pas toujours la réalité de l'animal, la lumière pouvant tromper....et il a raison. Aussi afin d'éliminer cette
possibilité, j'ai photographié tous ces Lutins sur la même prairie, dans le même quart d'heure et dans les mêmes conditions, sans flash. De cette façon, il est possible de mieux analyser.
Si vous aviez trouvé même sans oser vous manifester, bravo.
Si ce n'est pas le cas, l'expérience viendra. Ce n'est pas bien grave dans un jeu.
(Cela l'est davantage quand on doit se référer à des descriptions écrites anciennes ou récentes, considérer des propos entendus ou rapportés qui sont biaisés
par le colportage d'une "fausse réalité" ... Il y a quelques années, en concours, j'ai pu encore voir ainsi des Ouessant noirs atteints de canitie être classés dans la catégorie des
gris et autres couleurs. )
Pour information suite aux explications parfois données en commentaires, la dernière brebis (comme les autres) porte une marque claire à la cuisse mais plus
légère. Les poils et laines roussâtres encore présents sur ce qui correspond aux pieds des brebis sont de cette couleur car éléments du vieux système pileux décolorés par le soleil et
teintés par les urines et autres salissures quand les animaux se couchent. Et comme les moutons ne sont pas tondus sur cette partie des membres, ces amas sont encore présents mais
partiront peu à peu avec la mue.
Cette petite expérience montre bien que le regard se construit par l'acquisition de certaines connaissances de base puis comme en toute chose par un
minimum d'expérience.
Si dès ma rencontre avec le Ouessant, j'ai été intrigué et charmé par une certaine diversité parmi les Ouessant présentés en concours, une fois mes premiers animaux
acquis, j'ai essayé ensuite de comprendre, seul, les mécanismes dans les résultats de mes reproductions. D'autant que, face à ces problématiques, je ne rencontrais aucun
intérêt manifesté de la part des autres éleveurs, y compris les plus passionnés. Je ne pouvais compter que sur mes faibles connaissances sur la génétique et l'hérédité acquises au
lycée. Des erreurs d'analyse les premières années. De fausses conclusions et de mauvaises pistes parfois...mais c'est en élevant que l'on devient éleveur et plusieurs règles se mirent
en place dans la compréhension de mon troupeau. Puis le net est arrivé et j'ai pu m'enrichir, entre autres mais en particulier, des travaux de Monsieur Lauvergne, généticien du monde
ovin. Par la suite, ses quelques contacts téléphoniques, nos discussions et courriers m'ont permis de mieux cerner une réalité qui me demeurait jusque là inaccessible de par
l'hermétisme de mon cerveau face à une littérature scientifique trop souvent en anglais dont je ne percevais que les grandes lignes. Je l'en remercie encore.
Suite à ma curiosité bien saine que j'ai pu transmettre à d'autres collègues éleveurs même si ce fut long et pas toujours compris, puis sous l'effet boule
de neige provoqué, il n'y a donc que quelques années que les choses se bousculent (enfin!) dans le monde du Ouessant. On sort peu à peu du schéma bien
implanté dans les esprits, de l'unique duo du Ouessant noir qui doit être vraiment noir et du Ouessant blanc jusqu'au bout des onglons, pour ouvrir les yeux sur une réalité bien plus
complexe et plus riche, comme je l'avais perçue dès 1996 de par un regard d'abord de modeste naturaliste intrigué, entrant dans l'univers de l'élevage de ce fantastique petit
mouton...pas toujours noir forcément.
Tout cela pour dire à celles et ceux qui n'ont pas trouvé la bonne réponse que cela viendra. C'est en gardant et "regardant" ses moutons que l'on devient
berger.