Il existe un standard taille pour le mouton d'Ouessant de type ancien.
Il est de 46 cm maximum au garrot pour la brebis adulte (3 ans et plus).
Et pour le bélier 49 cm maximum au garrot une fois adulte (3 ans et plus).
Je ne sais sur quels critères il fut établi, personne ne pouvant dire ce que pouvait être véritablement ce mouton en sa forme insulaire dans les siècles précédant le 20ème, tout autant quant à une taille moyenne vérifiée (faute d'études d'alors évidemment et de documents photographiques) que quant à d'autres caractères d'ailleurs.
Faut-il y voir simplement estimation d' une barre théorique des 50 cm symboliques à ne pas dépasser pour faire "petit", la plupart des Ouessant rencontrés autrefois (et aujourd'hui encore) dépassant largement cette taille ... donc 49 pour un mâle et alors 46 pour une femelle, cette dernière se présentant logiquement plus petite que son compagnon?
Mais peut-être quelqu'un peut-il me renseigner? Je suis toujours preneur de connaissances qui peuvent ensuite nourrir la réflexion.
Toujours est-il que le berger des Lutins, qui s'est lancé dans l'aventure de l'élevage il y a plus de vingt ans à présent, bête et discipliné, s'est appliqué à ce que son travail cadre bien avec le standard taille.
Dans ma rigueur, je ne conserve et n'utilise d'ailleurs que des béliers reproducteurs de 45 cm maximum (46 à l'occasion en cas de nécessité)).
Disons que cette marge de sécurité aide à ne pas dépasser ces limites maximales du standard pour les animaux produits. Ensuite, il m'est plus agréable de constituer une troupe dans laquelle une tendance à la moyenne basse s'exprime, évitant ainsi les gros écarts, sans que je cherche pour autant à homogénéiser, dans le sens de "standardiser" (en sa signification négative) une taille précise.
Et puis, comme je l'ai toujours pensé, si le Ouessant de type ancien était véritablement petit (très petit?) autant qu'il le demeure, même si le "petit comment?" restera pour toujours un mystère.
Alors pourquoi garder et vouloir utiliser un bélier de 52 cm, comme Hubot ci-dessus, trois centimètres au-dessus du maximum du standard et donc sept/huit au-dessus de mes autres mâles (douze au-dessus du plus petit)? Voilà la question de certains visiteurs étonnés.
La réponse du berger ... les réponses sont les suivantes.
D'abord parce que chez les Lutins, le but n'est pas de construire des Ouessant d'apparat, mais de fonctionner, malgré la sélection en standard, dans un souci permanent de sauvegarde, de conservation.
Ensuite, un bélier plus grand qu'il ne faudrait, pas assez comme-ci ou comme ça, peut avoir (pas toujours non plus forcément) un grand intérêt et même un intérêt majeur pour la dite conservation.
La conservation ne va pas dans une unique direction à privilégier le plus "beau", ce qui est d'ailleurs très subjectif, l'apparence donc, mais bien au contraire, s'exerce également et normalement prioritairement dans le souci de sauvegarder le "contenu" de l'animal, sa spécificité génétique comme également sa diversité, et l'enrichissement du patrimoine qui en découle.
Ainsi, ce bélier, si on peut lui regretter sa taille (son poids également!), un cornage à l'opposé de ce qui peut être recherché, est une mine.
Une composante de deux souches de "Ouessant de château", de celles rencontrées sur le continent, le plus souvent dans les parcs de châtelains, bien avant les années 1970 et la naissance à cette époque d'une association s'intéressant à ce type ovin, en fait un bélier précieux.
Sa caractéristique "dark tan" (bronzage foncé...et persistant) en sa toison blanche, pas si courante, d'autant que longtemps les nouveaux éleveurs ont cherché ces dernières décennies à éliminer ce caractère, correspond par contre tout à fait au type de coloration d'une agnelle blanche observable sur une carte postale ancienne de début 1900 prise sur l'île d'Ouessant.
On reconnaîtra la belle solidité de ce mâle, ses caractéristiques primitives, comme une queue courte d'une qualité bien difficile à trouver à présent dans le cheptel Ouessant des passionnés.
Bref, un diamant à l'état brut dont les descendants, par travail de sélection, diminueront en taille en quelques années tout en ayant hérité partie de cette richesse génétique globale du passé. Patrimoine génétique qui essaimera, permettant de plus d'ouvrir celui de mon cheptel pour commencer, tout en le détournant du péril de la consanguinité observée régulièrement dans le milieu. Consanguinité qui certes a le mérite de fixer éléments de quête en une morphologie idéalisée mais qui, toujours cette redoutable consanguinité, dans le même temps, appauvrit le patrimoine global de cet ovin, allant alors tout à l'encontre d'une véritable démarche de conservation.
Pour la petite histoire, l'utilisation de ce mâle, programmée dès cet automne, dut être malheureusement annulée suite à un problème technique ainsi qu'à un souci personnel. Dommage!
Ce n'est que partie remise. L'an prochain, je ne manquerai pas d'organiser un lot de femelles pour ce bélier. L'élevage est un travail de patience et l'élevage en sélection doit passer inévitablement par des étapes pouvant sembler ingrates qui justement imposent cette patience. Alors je le suis....patient!
Un jour le même avec six centimètres de moins et un cornage présentant plus d'envergure et moins enroulé?